LES 40 ANS DU GROUPE
ALSACE
1941-1981 |
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Préface | ||||||
L'Alsace fut le premier groupe
de chasse des forces aériennes françaises libres constitué officiellement. Ce fut aussi l'un des plus prestigieux. Mis au combat de fin 1941 jusqu'à la victoire finale sur l'Allemagne, l'Alsace, par son palmarès éclatant, établit de façon incontestable la Bravoure et l'Allant des pilotes qui le servirent. Durant quatre années de combat auxquelles il faut ajouter un tour d'opération en Indochine, les effectifs de l'Alsace comptèrent des pilotes exceptionnels, tant par leur ardeur au combat que par leur qualité de chasseurs. Des personnalités hors du commun jalonnent l'histoire, désormais légendaire, de ce prestigieux groupe de chasse. Les noms de TULASNE, MOUCHOTTE, MAILFERT, POULIQUEN, MARTELL, CLOSTERMANN, DUPERIER, SCHLOESING, ANDRIEUX, BOUDIER, BRUNO, BORNE et tant d'autres, forcèrent le respect de leurs opposants, pourtant experts eux aussi, et provoquèrent bien vite l'estime et la considération profonde du haut Commandement et des pilotes de la Royal Air Force. Héritier de traditions aussi riches, l'Escadron Alsace mit un point d'honneur à les perpétrer et s'attache à les maintenir toujours bien haut de nos jours. La commémoration de ce 40e anniversaire de l'Alsace (et votre présence en témoigne) démontre que sa jeunesse et son enthousiasme sont demeurés intacts. Cette plaquette éditée en l'honneur du 40e anniversaire du Groupe retrace les phases les plus glorieuses de son histoire et la façon dont les pilotes les vécurent en accomplissant leurs faits d'armes. Puissent les anciens revivre ces heures intenses et les pilotes actuels et futurs de l'Alsace y puiser un exemple stimulant. C'est avec fierté que j'assume le commandement du Groupe Alsace, et ce 40e anniversaire est l'occasion pour moi de rendre un hommage vibrant et admiratif à ses anciens pilotes ainsi qu'à tout le personnel au sol qui l'a fidèlement servi. C'est pour moi un grand honneur que d'entretenir la flamme qui m'a été fièrement transmise. Longue vie à l'Alsace ! |
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J.-M. NICOLAS commandant l'Escadron de chasse 3/2 " Alsace " Dijon, le 26 juin 1981. |
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Page de garde de l'album de l'escadron,
cette gouache de 1943 illustre la mission que l'Alsace s'était impartie
ainsi que toute l'ardeur au combat dont fit preuve cette unité prestigieuse.
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La victoire magistrale de Mailfert
en Lybie illustrée de façon on ne peut plus explicite...
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Le 27 juillet 1943 fut un jour faste
pour l'Alsace qui enregistra cinq victoires confirmées lors du même
combat (Martell et Clostermann chacun un doublé de Fw 190 et Boudier
un Fw 190).
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A quoi rêvent les jeunes pilotes
en 1943 ? Aux victoires et aux conquêtes...
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Le Commandant Morichotte à
la tête du squadron lors de l'un des multiples sweeps tel que
P. Clostermann l'illustra dans l'album de l'escadron.
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Commandant Jean
Tuslasne, premier commandant du Groupe.
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1. L'ALSACE VOIT LE JOUR AU MOYEN-ORIENT |
Rayak à la croisée des chemins
Le Groupe de Chasse 1 Alsace fut créé le 15 septembre 1941 sous les ordres du Commandant Tulasne à Rayak (Liban). Le Commandant Pouliquen en était le second et les chefs d'escadrille étaient les lieutenants Denis et Littolf. Le Groupe était équipé des 14 Morane M.S. 406 du 1/7 subsistant après la campagne du Levant : la prise du Liban et de la Syrie par les Britanniques au printemps 1941. Jean Tulasne, le premier commandant du groupe, luttait déjà aux côtés des Anglais depuis décembre 1940. Basé au Levant depuis le début de la guerre, ses efforts n'aboutirent pas lorsqu'il voulut rejoindre une unité combattante en France. L'armistice de juin 1940 le surprit au Liban et sa volonté de mener la lutte aux côtés du Général de Gaulle lui valut une étroite surveillance mais rien ne pouvait ébranler sa détermination. Le 5 décembre 1940, alors qu'il était en patrouille au large de Beyrouth avec un autre M.S. 406, il signala des problèmes d'inhalateur d'oxygène et plongea vers la mer. Il mit le cap sur Haïfa en Palestine où il rejoignit un détachement de 3 avions du 1/7 qui avaient rallié la Royal Air Force avant l'armistice et choisit de poursuivre la lutte. Officiellement porté disparu en mer au 1/7, Jean Tulasne avait opté pour le camp des Free French. Après le ralliement aux Forces Françaises Libres, le 1/7 fut dissout et le G.C. 1 Alsace formé avec une dotation de 14 M.S. 406 (dont 2 inutilisables), 1 Potez 29, 4 Potez 25 et 1 Curtiss Mohawk de la South African Air Force. La première prise d'armes du groupe eut lieu le premier octobre 1941 à Rayak d'où il opéra avec mission de défendre les côtes libanaises avec ses Morane poussifs et en mauvais état... |
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Le M.S. 406 (n° 819) de Jean Tulasne
à Héliopolis peu après son évasion du 5 décembre 1940.
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Le Potez 29 du GC 1/7 repris pa r
le GC 1 Alsace à sa formation tel qu'il fut photographié à Héliopolis
à la mi-septembre 1941.
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Le Morane de Tulasne à Haïfa en 1941
revêtu des marques anglaises et du serial AX684.
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Mouvements du Groupe Alsace au cours
de sa campagne au Moyen-Orient..
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La campagne de Lybie Après quelques mois d'entraînement opérationnel, le Groupe Alsace fit mouvement vers LG X (landing ground ou terrain X) près d'Ismaïlia (Egypte) où il fut doté de Hurricane MK I, en piètre état, en janvier 1942. Avril vit le transfert à Fuka (LG 16) d'où le groupe entama des opérations guerrières strictement défensives jusqu'en juin. Cette période ne fut guère fertile en événements malgré quelques escarmouches avec les Allemands et les Hurricane fatigués ne permirent aux pilotes français que l'enregistrement de quatre appareils ennemis endommagés malgré leur ardeur à combattre. |
La retraite précipitée de la Ville Armée Britannique face à l'Afrikans Korps, débarqué de fraîche date, amena l'Alsace sur la ligne de front. Le groupe mena des combats féroces contre un ennemi supérieur en nombre et doté du tout nouveau Messerschmitt Bf 109F. L'agressivité du GC 1 fut coûteuse et cinq pilotes furent perdus lors des violents combats de la seconde quinzaine de juin 1942. Les lieutenants Louchet, Colin, Lafont et Thiriez de même que l'Aspirant Mailfert furent portés manquants mais les trois derniers parvinrent à rejoindre l'unité peu après. Tenant l'air sans répit du 22 au 30 juin, l'Alsace infligea cependant des | dégâts à l'ennemi : une victoire probable (Lt Louchet) et une sûre (Asp. Mailfert). La victoire de Mailfert reflétait bien l'esprit incisif de l'Alsace. Alors qu'il patrouillait, le 27 juin, en compagnie de Louchet au-dessus de Maateen Baguish, un Bf 109F se mit dans la queue de son chef de patrouille ; il l'ajusta et lui envoya une rafale à deux reprises mais l'Allemand volait toujours et tenta de se dérober. Conscient des performances inférieures de son Hurricane, Mailfert éperonna sans hésitation le Bf 109F et lui sectionna le fuselage d'un coup d'aile. Le Messerschmitt était condamné ; il alla percuter le sol et Mailfert dut se poser avec l'aile sérieusement endommagée. | ||||
Lt Littolf (au centre) pose devant
un D.520 à croix de Lorraine à Rayak en octobre 1942 ; à droite, le
Cdt Tulasne.
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Le Général Catroux décore le Lt Denis
à Rayak le 1er novembre 1941.
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En mai 1942 à Fuka : le Cdt Tulasne
est dans le cockpit d'un Hurricane MK I et le Cdt Millet fait le signe
de la victoire.
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Les Hurricane de l'Alsace à Ismaïlia
en juin 1942
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Le Lt Ezanno, Cdt d'escadrille en
1942, pose devant un Simoun des F.A.F.L.
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Hurricane MK I du G.C. Alsace à Fuka
en mai 1942.
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L'élan allemand
se brisa devant El Alamein et le groupe, sous les ordres du Commandant
Pouliquen, fut affecté à la défense d'Alexandrie jusqu'au début septembre
1942. L'Alsace toucha alors des Hurricane MK II en remplacement des MK
I à bout de potentiel. L'entraînement fut intensif pour un prompt retour
en premières lignes lorsque tomba une nouvelle inattendue : le G.C. 1
Alsace devait gagner l'Angleterre et y être reformé sous les ordres du
Commandant Mouchotte. Ayant accompli plus de 500 missions de guerre et légitimement fier des 19 victoires confirmées inscrites à son tableau de chasse, l'Alsace fut embarqué à destination de la Grande-Bretagne au début d'octobre 1942. C'était le prélude aux pages les plus glorieuses de son histoire... |
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Retour de mission en juin 1942, ce
Hurricane montre plusieurs impacts à l'arrière de l'habitacle.
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Pot d'adieu du Cdt Tulasne lors de
son départ pour le groupe Normandie.
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Le théâtre d'opérations
de Biggin Hill.
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2. L'ALSACE À L'ASSAUT DU REICH |
Les Aigles de
Biggin Hill Le groupe Alsace fut reformé le 21 janvier 1943 en tant que squadron 341 (Fighting French ou Français combattants) de la Royal Air Force sur la base de Turnhouse (Ecosse). La prise en mains des Spitfire MK IX, le meilleur chasseur britannique du moment, fut entamée début février non sans quelques pépins inévitables pour un escadron s'entraînant au combat. Le 12 mars, le groupe effectuait sa première croix de Lorraine en vol mais, malheureusement, le S/Lt de Mézillis trouvait la mort lors d'un vol d'entraînement. Déclaré opérationnel, le squadron 341 gonflé à bloc rejoignit Biggin Hill, centre du secteur le plus bouillant de la R.A.F., le 20 mai 1943. Avant de déclencher sa guerre, l'Alsace perdit Commaille, muté au squadron 340 Ile de France d'où provenait de Bordas qui le remplaça. Biggin Hill était le repaire d'aigles de la R.A.F. d'où étaient lancés les sweeps (missions offensives de chasse) sur le nord-ouest de la France infesté de Focke Wulf 190 et autres Messerschmitt Bf 109. Les unités qui y étaient sta-tionnées étaient commandées par l'as « Sailor » Malan (32 victoires) et le Wing (escadre) était sous les ordres d'Al Deere, autre as aux 20 victoires. Biggin Hill menait la marque parmi les bases de chasse en ce qui concernait les victoires aériennes. Cet environnement prestigieux ne traumatisa aucunement Mouchotte, vétéran déjà de la R.A.F., et ses poulains mais les stimula ; les électrisa littéralement, car ils ne tardèrent pas à gagner l'estime et le respect des autres squadrons. La première mission fut une escorte de bombardiers vers Abbeville le 3 avril, laquelle se déroula sans incident. L'Alsace mena son premier sweep le 4 avril, rien à signaler, sinon les reproches de Malan pour les atterrissages en pagaille et l'abondance de commentaires variés à la radio...Le sweep du 17 avril au-dessus |
parvint cependant à poser son Spitfire mutilé sur la base avancée de Manston. L'excitation était à son comble le 14 mai 1943 à Biggin Hill car le score de la base s'établissait à 998 avions allemands abattus. Lequel, parmi la cinquantaine de pilotes de la station, serait celui qui inscrirait, dans les heures suivantes, le chiffre 1000 au tableau de chasse ? Le samedi 15 mai, le Wing escortait des bombardiers lancés sur l'aérodrome de Caen-Carpiquet. La chasse allemande était au rendez-vous et ce fut la mêlée entre les 26 Spitfire des squadrons 611 et 341 menés par René Mouchotte et les Fw 190 du I/JG 2 de Triqueville. L'attaque fut lancée par le squadron 611, plus favorablement placé, et Jack Charles, son squadron-leader, descendit bientôt un Fw 190. René Mouchotte, volant à 7.600 mètres, anticipa si bien l'évolution du combat qu'il plongea à point nommé, tira un Fw 190 qui explosa, obligeant Mouchotte à effectuer un virage serré pour en éviter les débris. C'étaient les 999e et 1.000e victoires de Biggin Hill. Avec une grande sportivité, Mouchotte et Charles ne tentèrent pas de savoir exactement qui s'adjugeait le fatidique 1.000e et se partagèrent le prix de 700 livres sterling. Le soir même, l'Alsace offrait une party au Hyde Park Hotel à Londres pour son baptême officiel et l'événement du jour à Biggin Hill la rendit mémorable. La période fut faste car le groupe enregistra 5 victoires en 4 jours, sans pertes et sans incidents, même mineurs. Martell descendit un Fw 190 le 14 mai, Mouchotte un autre le 15 mai (le fameux 1.000e) ainsi qu'un BF 109G le 17, ce même jour Bouclier et Bouguen taillaient chacun un Focke Wulf en pièces. L'Alsace était sur une lancée fulgurante et le S/Lt Laurent envoya encore un Fw 190 à la ferraille, aux environs de Deauville, le 30 mai après une mêlée qui l'avait séparé de ses coéquipiers. | |||||
L'objectif du squadron 341 Alsace
lors de sa formation en Angleterre. A noter, sur cette caricature d'époque,
les lettres FF pour Fighting French.
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de Pont-Audemer vit le combat acharné des Spitfire de l'Alsace contre des Fw 190 bien supérieurs en nombre ; Béraud et Raoul-Duval furent portés manquants mais ce dernier réintégra le squadron le 17 octobre 1943. L'Alsace débordait d'une activité fébrile et partait à l'offensive plusieurs fois par jour de sweep en ramrod ou en cirque, tel une meute de loups afin de lever la chasse allemande. La première victoire du squadron, avidement voulue, fut acquise le 14 mai lorsque le Capitaine Christian Martell descendit un Fw 190 aux environs de Dixmude avec le panache d'un grand chasseur.. Durant la même mission, Mailfert joua de malchance et fut touché aux ailes par un Bf 109. Il rompit le combat car ses magasins à munitions se mirent à exploser en vol ; avec le sang-froid et la maîtrise d'un grand pilote, il | ||||||
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Le Sgt Menuge vu par P. Clostermann
avec le Spitfire dont il corrigea les formes lors d'un atterrissage
forcé le 26 juin 1943 à l'issue d'un Ramrod sur Abbeville.
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Le Lt Raoul-Duval troqué à Turnhous en février 1943.
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La première victoire de l'Alsace
remportée par le capitaine Marte* : le résultat et les explications
après l'atterrissage. Lorsque l'avion de Marte* fit son tonneau de la
victoire au-dessus de Biggin Hill, un mécano commenta que ce n'était
sûrement pas lui qui était victorieux car ce n'était pas de la belle
acrobatie.
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Les rodéos se répétèrent mais la Luftwaffe échaudée était méfiante. Les nouveaux Spitfire IXB remplacèrent les IXA à partir du 12 juin. Lors d'un ramrod sur Abbeville le 26 juin, le Sergent Menuge profita vicieusement d'une panne de moteur pour modifier le profil élancé de son Spitfire... Les dieux de la guerre furent favorables à l'Alsace en ce 27 juillet 1943. Le second ramrod du jour visait à nettoyer le ciel de Triqueville des Fw 190 aux sinistres croix noires et René Mouchotte se trouvait à la tête du wing au grand complet. La section jaune menée par Martell et composée de P. Clostermann (n° 2), du S/Lt Farman (n° 3) et du S/Lt Robidet (n° 4) ouvrit les festivités en grimpant à la rescousse d'une autre escadrille engagée en combat tournoyant. Jaune 2 avertit, par radio, qu'il y avait 2 Fw 190 à 10 heures. Martell vira en chandelle, en mit un dans son collimateur et scella son sort sans rémission. Farman grimpa pour assurer la protection haute de ses équipiers. Clostermann se lança dans la bagarre en poussant des hurlements de peau-rouge. Deux Spits bondissaient au milieu d'une sarabande de 8 Fw 190. Un, deux, trois Allemands se transformèrent en torches | sous les coups de Martell et
Clostermann qui glana ses deux premières victoires. Un combat de grand
style, digne d'un tournoi de chevaliers, se déroula ensuite entre Martell
et le Fw 190 piloté par von Graff, l'as allemand aux 150 victoires. Martell
ponctua ce duel sans merci lors d'une passe frontale, lorsque son tir
fit exploser son adversaire. Mouchotte et Bruno, lors du même combat,
accrochèrent un Focke Wulf et le tirèrent ; Bruno l'expédia au tapis après
une courte rafale de 10 obus de 20 mm et 24 balles de 7.7 mm. Les gars
de l'Alsace et du 611 terminaient la rencontre par le score de 9 à 0,
ce qui leur valut les chaudes félicitations de Winston Churchill. Le squadron 341 Alsace vola de victoire en victoire... Vers le milieu d'août 1943, le Capitaine Boudier vainquit un Bf 109 à proximité de Douai alors que Mouchotte en endommageait un autre. Le même jour, un second sweep vers Beaumont-le-Roger rencontra une meute de 50 ennemis aux environs du Havre. Les combats firent rage. Le Sergent-chef Bruno reçut un obus dans son tableau de bord et revint à la base légèrement blessé. Bouguen arrosa hargneusement un Fw |
190 de toutes ses munitions
et celui-ci amorça une vrille mortelletandis que « Fifi » de Saxcé en
descendit un en flammes qui s'abîma dans la Seine près de Rouen. La marque
du jour s'établissait à 4 contre 0 pour le squadron Alsace quasi invincible...
Le 26 août 1943 comptabilisait le 99e sweep du groupe et le Commandant Mouchotte, qui n'avait cessé de combattre depuis 1940, devait être retiré des opérations après le 100e qui eut lieu le 27. En fin de journée, il mena le 101e sweep de l'Escadron à la tête du wing entier. Une escorte de Forteresses Volantes qui allaient bombarder Saint-Omer. La mêlée avec une formation importante de chasseurs ennemis s'enclencha près de l'objectif. Laurent eut raison d'un Fw 190 mais le dispositif fut disloqué et, peu après le combat, René Mouchotte signala par radio qu'il était seul à proximité des bombardiers... Ce furent ses dernières paroles. L'Alsace perdait son premier commandant en plein ciel de gloire et la disparition de ce chef exceptionnel fut durement ressentie par les pilotes du groupe qui espérèrent longtemps qu'il fut encore en vie. Hélas, son corps fut rejeté par la mer, quelques jours plus tard, sur la plage d'Ostende. |
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Spitfire IXA de l'Alsace à Biggin
Hill au printemps 1943.
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Le Commandant Mouchotte et les chefs
d'escadrille de l'Alsace, Bouclier et Martell dessinés sur l'une des
premières pages de l'album du groupe. La ressemblance du Capitaine Martell
avec l'acteur Charles Bayer était manifeste et cela l'exaspérait.
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Le Sous-Lieutenant Farman
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Le Cdt Dupérier croqué avec son chien
Sweep.
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Le Commandant Dupérier fut nommé
à la tête du groupe le 29 août 1943. Le 31, Girardon fut atteint et les
commandes de profondeur de son avion furent sectionnées. Avec une maîtrise
superbe, il mit son Spitfire sur la tranche et, usant du gouvernail de
direction comme profondeur, il ramena son appareil à Lympne et le posa
en manipulant uniquement le volet compensateur de la profondeur. Le 2
septembre, Bouguen envoyait son 4e ennemi au tapis : la proie que Boudier
ajustait dans son collimateur et qu'il lui souffla in extremis, provoquant
sa fureur. Le 22 septembre, lors du 130e sweep de l'escadron, Boudier cherchait son ailier Soufflet et le vit qui volait en formation avec un Fw 190 sans s'en rendre compte... Il se plaça dans la queue de l'Allemand mais, chassé à son tour, il dut rompre le combat avant d'avoir pu le tirer. Borne attaqua deux Fw 190 et en abattit un presque sûrement tandis que le |
fougueux Bouguen en démolissait un autre. Le 23, 132e sweep, Martell scora un doublé Fw 190/Bf 109 alors que Boudier s'offrait un autre Fw 190 au-dessus de Beauvais. Martell, suivi de Bruno (n° 2) engagea 15 Fw 190 et en descendit un avant qu'ils fussent forcés de rompre le combat face au nombre. Le lendemain, l'Alsace remettait ça. Avant la mise en route des moteurs pour le 133e rodéo, Pabiot et Borne se serrèrent la main en se jurant qu'ils en auraient chacun « un » durant la mission... 50 minutes plus tard ils se rentrèrent dedans lors du taxi : chose promise, chose due ! Ce même après-midi, une autre mission était lancée sur Beauvais ; le Cdt Dupérier et Martell tirèrent successivement sur un Fw 190 lorsque Roos, les ignorant superbement, se l'adjugea d'un tir précis. Peu après, Dupérier en eût un dans son collimateur et le fit exploser pendant que Martell fit subir le même sort à celui qui ajustait le commandant par l'arrière. | Le 25 septembre, le Cdt Dupérier
fut promu Wing-Commander de Biggin Hill et le Capitaine Martell assuma
dès lors le commandement du squadron 341 Alsace alors que Boudier était
envoyé au repos, son crédit en heures de vol de guerre étant largement
dépassé. Le deuxième sweep de la journée du 3 octobre ajouta 2 Fw 190
au tableau de chasse du groupe (victoires de Chevalier et Laurent) mais
Lents ne rentra pas à la base. Il fut attaqué par un Fw 190 et dut se
parachuter sur la Somme ; pris en charge par la résistance, il regagna
l'Angleterre un mois plus tard, via l'Espagne et Gibraltar. Le 143e sweep fut le dernier du tour d'opérations ; le bilan du groupe totalisait 26 victoires confirmées pour 6 manquants, soit un rapport de 4 pour 1 en faveur de l'Alsace. Le squadron 341 fit mouvement vers Perranporth (Cornouailles) dans un secteur « semi-actif » où il repassa sur Spitfire MK V à partir du 15 octobre 1943. |
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Le squadron 341 au complet à
Biggin Hill en mai 1943
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Les Spitfire IX du groupe en octobre
1944 à Deurne-Anvers.
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Jusqu'au
Jour J Le stationnement du groupe à Perranporth ne fut pas semi-actif malgré que le secteur fut plus calme que celui de Biggin Hill. Des sweeps furent lancés sur la Bretagne et le Cotentin à bonne portée de la pointe sud-ouest de l'Angleterre. Des escortes et protections de convois maritimes émaillèrent aussi les missions du groupe. Lors d'une mission de ce genre menée par Martell, Gallay, Soufflet, Laveissière et Borne, quatre Fw 190 furent aperçus. Ceux-ci volaient sans méfiance et Martell se plaça idéalement pour en tirer deux coup sur coup mais il ne parvint qu'à les endommager suite à l'enrayement intempestif de ses canons. Les Allemands s'éparpillèrent mais Borne en agrippa un, vidant ses munitions avant que 3 de ses 4 mitrailleuses ne s'enrayent ; sa proie émettait de la fumée noire et son gouvernail était pratiquement arraché. Il la poursuivit durant 4 minutes, s'attendant à la voir percuter la mer, mais dut ensuite la lâcher, faute de carburant, et il fut contraint de se poser à Predannack avec ses réservoirs à sec. En mars 1944, des Spitfire IX B furent versés à l'Alsace qui entama l'entraînement aux missions d'appui-feu avec les groupes Ile de France et Cigognes en Ecosse ou au Pays de Galles en vue de préparer l'invasion du continent. Bouguen fut tué accidentellement par une bombe qui explosa sous ses plans lors de ces exercices. |
A la mi-mai 1944, le groupe
Alsace était fin prêt pour le combat décisif à venir. Le débarquement
était proche et l'Alsace se vit confier les patrouilles d'interdiction
du secteur de Caen le Jour J à partir de 9 h 30. Les pilotes effectuèrent
quatre missions de deux heures lors du grand jour, sans incident et sans
rencontrer la chasse allemande. Les 7 et 8 juin, trois missions quotidiennes
furent menées toujours sans combat malgré que des engagements sporadiques
se déroulèrent avec des bombardiers ou chasseurs allemands isolés au-dessus
des autres secteurs du débarquement. |
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Quelques pilotes durant l'automne
1944
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Retour en France pour l'offensive
finale Le 10 juin, Leguie et Raoul-Duval ne rentrèrent pas mais les pannes étaient fréquentes sur les plages françaises nouvellement conquises dès que les premières pistes d'atterrissage y furent nivelées. Leguie rentra le 12 juin, il avait été touché par la flak, l'artillerie antiaérienne allemande que les pilotes redouteraient de façon croissante dans les mois à venir. Le 13 juin 1944 fut un jour inoubliable : l'Alsace devait être la première unité française à opérer d'un aérodrome en France (situé entre Bazenville et Crépon). Sitôt posé, Laurent sauta de son Spitfire avec son bel uniforme bleu foncé, se coucha sur le sol poussiéreux pour embrasser la bonne terre de France et se releva avec une tenue kaki ! Le 22 juin, le Lt Mailfert attaché au squadron 341 rouvrit la marque et descendit un Fw 190 qui percuta le sol normand. Le 30, le Capitaine Andrieux y ajoutait un Bf 109 qu'il descendit au crépuscule dans la région de Dieppe ; le même jour, le Lt Girardon et le Sgt Mathey plantèrent leurs crocs dans un Bf 109 F et ne cessèrent le tir qu'à 50 mètres de son empennage pour le voir bientôt s'écraser dans un champ au nord du Havre ; ils se tirèrent la victoire au sort qui fut favorable à Girardon. Durant cette période, les pilotes de l'Alsace |
effectuèrent aussi de nombreuses
escortes de bombardiers qui pilonnaient les sites de tir de V-1 dans le
Pas-de-Calais. Le 6 juillet, au retour d'une escorte de Mitchell vers
Dreux, entre deux couches de nuages, les Spitfire se firent coiffer par
des Bf 109. La mêlée se déclencha entre les Spitfire de l'Ile de France,
de la section bleue de l'Alsace, une escadrille de P-47 américains et
les Bf 109. Boudier en ajusta un qu'il abattit, enregistrant ainsi sa
15e victoire, mais fut descendu à son tour par le P-47. Il se parachuta
et se cacha à Bernay mais fut capturé au bout de quelques semaines par
la Gestapo et envoyé dans un camp de prisonniers en Allemagne. Août 1944 fut néfaste au groupe qui perdit deux pilotes (Cernolacce qui fut fait prisonnier et Gaudon). Le groupe commença systématiquement ses missions d'attaque au sol et fut définitivement basé en France à partir du 19 août (Bayeux). Le 24, le Cdt Martell fut envoyé au repos, ce qui jeta la consternation dans le groupe, car il était à sa tête depuis près d'un an. La relève fut assurée par le Cdt Schloesing, un vétéran des Forces Aériennes Françaises Libres. Malheureusement, lors de sa 4e mission au sein du groupe, un mitraillage en compagnie de Parent et Le Goff, ils furent assaillis par une vingtaine de Fw 190. Le corps du Cdt Schloesing fut retrouvé plus tard et Parent, blessé, fut capturé par les Allemands et récupéré ensuite par les Anglais. |
Le 2 septembre, l'Alsace fit
mouvement sur Bernay, sous les ordres du Capitaine Andrieux dit Jacko.
Le séjour fut bref, car le groupe gagna Gamache (Abbeville) le 10 et puis
Lille le 13 et enfin Wevelgem, en Belgique, le 19. Les mouvements rapides
de l'unité en direction du Nord réduisirent fatalement ses opérations
offensives. Le tableau de chasse fut à nouveau étoffé le 28 septembre.
Lors d'un sweep sur la Hollande, Gallay et Dabos remarquèrent deux points
noirs qu'ils poursuivirent : c'étaient des Bf 109. Gallay régla son compte
au premier et Dabos toucha le second qui finit par se jeter dans une ligne
à haute tension. Les hurlements de Dabos à la radio firent naître l'inquiétude
chez ses camarades qui se demandèrent s'il avait été descendu ou s'il
était victorieux. Octobre amena les Spitfire à l'assaut répété de la poche de Breskens et de l'île de Walcheren où le groupe paya un lourd tribut à la redoutable flak (Des Courlis, Girard et Laurent furent descendus mais indemnes). Le Capitaine Beghin, muté du Normandie et as aux 8 victoires, rejoignit le groupe fin octobre de même que le Capitaine Fourcaud qui, pour revenir au combat, avouait avoir 28 ans et être né en 1916 comme précisé sur ses papiers de même qu'il avait été breveté pilote militaire en 1926 ! Le 26 novembre, l'avion du Capitaine Beghin encaissa un obus de flak et explosa en touchant le sol. |
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Les Spit du squadron 341 à Anvers-Deurne
en octobre 1944 en cours de réarmement (caisses de munitions sur l'aile).
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Le capitaine Boudier en 1944.
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Le SILt Borne en 1944 en Angleterre.
A noter : le dessin particulier de l'emblème à la croix de Lorraine.
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Le Capitaine Andrieux, dit "Jacko"
qui commanda l'Alsace de septembre 1944 jusqu'en avril 1945
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Installé à Deurne-Anvers
depuis le 25 novembre, le groupe Alsace y subit son mois le plus noir
en décembre. Ce port important fut la cible des V-2 qui frappaient sournoisement
; le 10, une de ces fusées démolit les avions du groupe mais sans pertes
en vies humaines. Le 16, Girard fut l'une des 822 victimes suite à la
chute d'un V-2 sur une salle de cinéma. Ce deuil navrant fut suivi d'un
autre le 20 : alors que le groupe était mis au repos, Lents se rendit
au dispersal pour régler les papiers de Girard et quelques minutes plus
tard un V-2 le percuta le tuant, blessant 3 autres pilotes et détruisant
18 appareils. Le réveillon du premier janvier 1945 fut mouvementé : à minuit une, un V-2 tomba à 50 mètres du mess des officiers sans causer de dégâts ; à minuit 2, un Junkers 88 mitrailla le terrain et à 8 heures du matin, une noria de Fw 190 et Bf 109 strafèrent Deurne alors que le squadron roulait au sol et ne put décoller à temps pour les intercepter. Après 21 mois d'opérations intensives, le squadron 341 Alsace fut renvoyé en Ecosse pour deux mois afin de s'y reformer. Le 15 mars, le squadron Alsace revint au front et effectua sa 403e mission. Etlin ne rentra pas de la mission du 20 mars et les jours se suivirent partagés entre les bombardements en piqué et les escortes de bombardiers. Le groupe assura la protection aérienne des armées qui traversèrent le Rhin les 23 et 24 mars 1945 et les appuya |
de quelques mitraillages. Les
reconnaissances armées se succédèrent en Hollande du nord malgré le mauvais
temps et le plafond bas. De Larminat fut porté manquant le dimanche de
Pâques après l'attaque d'un train. Foissac à son tour fut abattu par la
pernicieuse flak. Le 13 avril, Ratel, Saint Pulgent et Pottier arrivèrent
au groupe. Ce fut encore la flak qui brisa net la carrière du S/Lt de
Saxcé, mort au champ d'honneur. Le 17 avril 1945, l'Alsace se posa à Drope, près de Lingen en Allemagne. Borne ne revint pas d'une attaque au sol le 20 avril, son avion fut touché par la flak. Les appui-feu de l'Alsace justifièrent les |
félicitations de la 4e Brigade
Blindée Canadienne au profit de laquelle le groupe travaillait. Le mauvais
temps ralentit les activités et la guerre touchait à sa fin. L'armistice
entra en vigueur le 8 mai, la guerre était finie... Le Capitaine Tanguy prit la succession du Capitaine Andrieux le 8 mai 1945. Le groupe Alsace, en quatre ans de guerre, avait remporté 50 victoires confirmées et 5 probables pour la perte de 22 pilotes, soit ses effectifs complets de temps de paix. L'Alsace avait largement contribué à la victoire finale et à l'honneur des ailes françaises... |
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Les pilotes en janvier 1945.
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3. LA CAMPAGNE D'INDOCHINE |
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Le cauchemar du lieutenant Bihet
à Lao Bao (Indochine) : la seule victoire possible de cette guerre qu'il
n'inscrit pas à son tableau de chasse.
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4. L'ÈRE DU RÉACTEUR |
Du P-47 jusqu'au Mystère IV
Le Groupe Alsace prit ses quartiers à Friedrichshafen (Allemagne) en janvier 1948, après son tour d'opérations en Indochine. Le groupe reçut des P-47 Thunderbolt en dotation et les garda jusqu'en juin 1949 car à cette époque, l'Alsace rejoignit la base de Dijon. Elle serait l'une des premières unités de l'Armée de l'Air à voler sur les chasseurs à réaction D.H. Vampire. Une partie de la nouvelle dotation fut convoyée de Manston (Royaume-Uni) jusqu'à Dijon. Devenu l'Escadron 111/2 Alsace, le groupe constitua une patrouille acrobatique en 1950 dont les pilotes étaient le Commandant Gauthier, les Lieutenants Saint-Macary et Robert ainsi que le Sergent Collignon. En 1953, les Vampire firent place aux M.D. Ouragan et à la fin juillet, les pilotes de l'escadron étaient qualifiés sur la nouvelle machine. La période opérationnelle sur Ouragan fut marquée par de nombreux accidents et l'un des plus inusités fut celui que subit le Sergent Allien. Lors d'un vol en compagnie d'un ailier à 9.000 mètres d'altitude, la verrière de son avion éclata ; le pilote perdit connaissance et l'appareil se mit en vrille ; suivi par son ailier qui lança constamment des appels à la radio, le pilote sortit de l'inconscience et de sa vrille pour rentrer à la base sans autres incidents. En novembre 1955, des pilotes de l'escadron convoyèrent une partie des Ouragan vers Israël et le groupe perçut ses premiers M.D. Mystère IVA au début de 1956. |
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Le P-47 codé NL-R à Friedrichshafen
en 1949.
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L un des premiers Vampire MK V, portant
toujours son serial anglais sur les poutres et sous les ailes, qui équipèrent
l'Alsace à partir de juin 1949.
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Vampire MK V de l'Alsace à Dijon.
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Premier chasseur à réaction français,
l'Ouragan équipa l'Alsace de juillet 1953 à décembre 1955.
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Lors de l'affaire de Suez, fin 1956, l'Alsace se prépara à rejoindre le Moyen-Orient dans le cadre de l'intervention franco-britannique. Quelques appareils quittèrent Mont-de-Marsan le 27 septembre à destination de Chypre. Le reste des effectifs décolla de Dijon le 27 octobre et gagna Akrotiri (Chypre) via Brindisi. Dès le lendemain, les avions étaient transférés sur un terrain secret à 500 kilomètres au sud-est de Chypre. Une mission fut effectuée le 28 octobre sur Port-Saïd où des intrus furent signalés comme étant probablement des Mig égyptiens. Arrivée sur les lieux, la | patrouille aperçut 4 Mig qui
volaient à basse altitude et se lança à l'interception ; le chef de patrouille
manqua sa première passe de tir, ce qui le réjouit car les « bandits »
étaient des F-84F Thunderstreak du 3/3 Ardennes. Après quelques missions
sans histoires, l'Escadron revint en France en décembre. La patrouille acrobatique officielle de l'Armée de l'Air fut constituée avec des pilotes de l'Escadron Alsace, sous les ordres du Lieutenant Capillon, durant l'année 1957. |
Intermèdes en Algérie
La rébellion algérienne débuta fin 1954 et son développement justifia la création d'escadrilles d'aviation légère d'appui (EALA) au début de 1956. Les escadres de métropole parrainaient une ou plusieurs EALA et y détachèrent des pilotes pour un tour d'opérations d'un an. La 2e escadre de chasse parraina l'EALA 1/72 « Les Marquis » et l'EALA 8/72 qui furent fusionnées fin 1959 pour devenir l'escadron 2/2 d'aviation légère d'appui. Il fut dissous le 31 janvier 1962. Plusieurs pilotes du 3/2 Alsace y servirent et l'escadron eut à déplorer la perte de plusieurs d'entre eux. |
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T-6G de l'EALA 1/72 en vol au-dessus
de Sétif en 1958.
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Le Mystère IVA fut le premier chasseur
supersonique versé à l'escadron.
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Vingt ans sur Mirage et 100 000 heures de vol |
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Le premier Mirage IIIC pris en compte par l'Alsace atterrit à Dijon le 11 décembre 1961... L’Escadron 3/2 devenait bisonique. L'unité voyait son écurie au complet en octobre 1962 et perçut deux Mirage III biplaces pour parfaire la transition opérationnelle des pilotes sur cette nouvelle et fulgurante montre. Le rééquipement en Mirage engendra des problèmes et quelques avions furent perdus accidentellement mais la fantastique machine qu'était le Mirage IIIC accrut les compétences de l'Alsace en matière de supériorité aérienne. Ce que l'escadron démontra magistralement lors de manœuvres dans | le Midi qui l'opposèrent aux
intercepteurs et bombardiers de la VI. Flotte américaine en Méditerranée.
Avion de la classe Mach 2, le Mirage IIIE est capable d'intercepter et
de détruire des objectifs supersoniques au-dessus de 20 000 m, ceci 6
minutes après l'ordre de décollage. Trois escadrons de la force aérienne
tactique en sont équipés. Leur mission est d'assurer contre l'aviation
ennemie la couverture du champ de bataille, ou, sur ordre particulier,
la couverture du territoire national. Le cap des 100.000 heures de vol effectuées par l'escadron depuis sa |
création fut dépassé en octobre
1978. Le haut niveau de professionnalisme des pilotes est noté régulièrement
lors d'exercices tactiques jugés sévèrement et les résultats enregistrés
par l'Escadron Alsace le désigneront probablement pour devenir la première
unité de l'Armée de l'Air qui recevra le tout nouveau Mirage 2000. Tout au long de son histoire, longue de quarante ans, l'Escadron Alsace s'est avéré une unité de pointe des Ailes Françaises et, fier de ses acquis, se tourne résolument vers l'avenir. |
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Mirage IIIB détaché au groupe tel
qu'il se présentait à Dijon en septembre 1963.
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Mirage IIIC à Dijon en septembre
1963.
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Mirage IIIE, dotation de l'E.C. 3/2
de septembre 1968 à ce jour. (1981)
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Mirage IIIE, dotation de l'E.C. 3/2
de septembre 1968 à ce jour. (1981)
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Les pilotes du Groupe Alsace |
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341 squadron RAF Turnhouse |
341 squadron RAF |
341 squadron RAF Hollande |
G.C. III/2 Tan-Son-Nhut (Indochine) |
E.C. 3/2 Dijon |
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21 janvier 1944 |
juin 1944 |
15 mars 1945 |
3 août 1946 |
1 février 1953 |
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Commandant | Cdt Mouchotte | Cdt C. Martell | Cap. Andrieux |
Cap. Guérin |
Cdt Perseval |
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Cdt en second | Cap. Lemaire |
Cap. de Royer Dupré |
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Escadrille Mulhouse | |||||||
Commandant | Cap. C. Martell | Cap. Roos |
Cap. Tanguy |
Lt Tatraux |
Lt Montrelay |
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Pilotes | Lt H. Lafont Lt P. Béraud Lt J. de Mézillis S/Lt Farman S/Lt H. de Bordas Asp. P. Laurent Asp. R. Chevalier S/C P. Gallay Sgt P. Clostermann Sgt P. Menuge Sgt J.L. Clerc Sgt Y. Bourges |
Lt Lents Lt Brunschwig Lt Laurent S/Lt Gaudon S/Lt Parent S/Lt de Verneilh Asp. Bruno Asp. Gallay Asp. A. de Saxcé SIC Mathey Sgt Dabos S/Lt Robidet |
S/Lt de Saxcé S/C Dabos SIC Davies (brit.) Sgt Filliol S/Lt Maynard Lt Lanos Asp. Corveler S/Lt Etlin Lt Bourguignat Lt Robidet W/0 Roberts (brit.) |
Lt de Verneilh Lt de Saint Pulgent Lt Chantier S/Lt Poupart S/Lt Moine Asp. Prost S/C Lavaure Sgt Elineau Sgt Ephritikine Sgt Cormerais |
Lt Verlet S/Lt Thubeuf S/C Perrier Sgt Jeanne Sgt Hauviller |
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Escadrille Strasbourg | |||||||
Commandant | Cap. M. Boudier | Cap. Boudier |
Lt Borne |
Cap. Robveille |
Lt Martinot |
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Pilotes | Lt C. Raoul-Duval Lt P. Pabiot Lt L. Girardon Lt R. Aubry S/Lt M. Bouguen S/Lt R. Boucher Asp. R. Borne Asp. M. Mailfert Asp. A. de Saxcé S/C F. Guinamard S/C R. Leguie Sgt J. Marquis Sgt R. Bruno |
Cap. Rastel Lt Raoul-Duval S/Lt Farman Lt Pabiot S/Lt Borne Asp. Guinamard Asp. Leguie Asp. Des Courtis Adj. Foissac Asp. Laveissière Sgt Le Goff Sgt Habib Sgt Davies (brit.) |
Lt De Larminat Sgt Christinacce S/Lt Foissac Sgt Alepée Sgt Joachim Asp. Le Flecher Sgt Bethon Sgt Bazin P/0 Williams (brit.) Sgt Mitchell (brit.) Sgt Wolloshin (brit.) Sgt Donovan (brit.) F/Sgt Nickson (brit.) |
Lt Porquet Lt Bihet Lt Chabot Lt Cardot S/Lt Maynard S/Lt Ferrando Sgt Tauzy Sgt Gastal Sgt Martin Sgt Roubaud Sgt Blanchardon |
Lt Chevallier S/Lt Collignon Sgt Leroux Sgt Trèfle Sgt Mien Sgt Simonet |
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Les appareils qui équipèrent l'Alsace | ||||
Morane Saulnier M.S. 406
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septembre 1941 à janvier 42
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Hawker Hurricane MK I
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janvier à septembre 1942
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Hawker Hurricane MK II
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septembre et octobre 1942
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Supermarine Spitfire MK IXA/IXB
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février 1943 à octobre 1943
mars 1944 à mai 1945 août 1946 à septembre 1947 (Indochine) |
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Supermarine Spitfire MK Vc
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octobre 1943 à mars 1944
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Supermarine Spitfire MK XVI
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mai à novembre 1945
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Republic P-47D Thunderbolt
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janvier 1948 à juin 1949
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De Havilland Vampire MK V
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juin 1949 à juillet 1953
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Marcel Dassault M.D. 450 Ouragan
(North American T-6G) |
juillet 1953 à décembre 1955
(avril 1956 à janvier 1962) |
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AMD Mystère IV A
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janvier 1956 à décembre 1961
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AMD Mirage IIIC
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décembre 1961 à septembre 1968
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AMD Mirage IIIB
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octobre 1962 à fin 1963
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Mirage IIIE
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septembre 1968 à...
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Mirages IIIB et IIIE de la 2ème
escadre de chasse au-dessus de Dijon-Longvic en décembre 1974. L'avant-dernier
appareil appartient à l'E.C. 3/2 Alsace.
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Les dessins illustrant cette plaquette
sont d'époque et sont dus à
W.T. Hooper, Pierre Clostermann lorsqu'il était Sergent au Squadron Alsace ainsi qu'à Ch. C. pour la période d'Indochine. Les photographies proviennent de l'Escadron 3/2 Alsace, de l'E.C.P. Armées, des archives de Messieurs M. Cuich, B. Regniez, F. Tulasne et J.P. Decock. Le texte en fut rédigé par des pilotes émérites de l'Alsace à diverses époques et réaménagé, aux fins de publication de cette plaquette, par Jean-Pierre Decock. Afin de rester au plus près de la réalité des événements, l'auteur de cette plaquette s'est inspiré des Cahiers de Marche de l'escadron. La mise en page est due au talent de Monsieur A. Grégoire. (+ quelques ajouts personnels et à venir) |
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