Par Ignazio Fanni (source : )
L’auteur Ignazio Fanni (maintenant décédé) a été maire de Villacidro.
Traduction de Patrick Véron
L'Aéroport de Trunconi - S'acqua Cotta II
- Mars 1944
Les Français à Villacidro
"La petite Versailles"
de S'Acqua Cotta
Même si peu d'habitants de Villacidro se rendirent compte de leur présence,
en 1944 plusieurs détachements français opérèrent aussi à partir de cette
base à côté des troupes américaines. Il s'agissait de la 31e Escadre de Bombardement
Moyen (comportant les groupes 1/22 Maroc, 2/20 Bretagne, 1/19 Gascogne)
et de la 34e Escadre de Bombardement Moyen (composée des groupes 2/52 Franche-Comté,
2/63 Sénégal et 1/32 Bourgogne).
L'escadre française correspondait au groupe américain et le groupe français
au squadron américain. Les français étaient armés, vêtus, nourris et approvisionnés
par l'aviation américaine et, dans la pratique, rattachés au 42e Wing, dont
le commandement était situé sur l'aéroport d'Elmas.
Cependant au niveau local, c'est-à-dire à Villacidro, les escadres françaises
étaient indépendantes du 17e groupe américain et collaboraient avec celui-ci,
participant aux missions sur un pied d'égalité, suivant les ordres venus directement
d'Elmas.
Les Français arrivèrent, groupe après groupe, à partir de mars 1944. Les premières
à arriver furent les troupes au sol du groupe 1/22 Maroc.
Ils restèrent à Villacidro jusque dans les premiers jours d'octobre 1944 et,
par conséquent, quittèrent notre pays presque deux semaines après le départ
des troupes américaines, pour se rendre directement en France.
Tandis que les équipages et leurs avions continuaient leur entrainement dans
leur base algérienne de Châteaudun-du-Rummel, le premier janvier 1944 les
troupes au sol du groupe Maroc se trouvaient à Bizerte pour être embarquées
à destination de Ghisonaccia en Corse. La plus grande partie des hommes et
du matériel furent embarqués sur un LST [Landing Ship Tank] britannique. Le
peu qui ne trouva place sur ce bateau fut embarqué sur un autre LST.
Finalement, le 6 janvier, le convoi put quitter les côtes africaines. Assez
vite, en raison d'une violente tempête, le bateau emportant le gros des troupes
subit de graves avaries et fut contraint à revenir en arrière. En voyant la
côte, les hommes pensèrent être arrivés en Corse, en revanche ils étaient
devant le port de Sousse en Tunisie. Là, les troupes et le matériel furent
débarqués et retournèrent par terre au port de Bizerte. Ils ne purent pas
lever l'ancre avant le 25 juin. Cette fois-ci, un bateau du type Liberty,
le John Lawson, fut chargé du transport et la destination n'était plus la
Corse, mais la Sardaigne.
Après deux jours, le John Lawson accosta au port de Cagliari et la colonne
de matériel française se dirigea directement vers Alghero,
nouvelle base du groupe 1/22 Maroc. Le camp fut installé dans une ferme que
les légitimes propriétaires acceptèrent de quitter à condition que les soldats
s'occupent des vaches et des cochons. Les Français acceptèrent de s'occuper
des vaches, mais refusèrent de prendre en charge les cochons, en particulier
parce que la porcherie devait être utilisée pour l'installation du central
téléphonique.
Avec l'aide de quelques prisonniers italiens, des Slovènes enrôlés de force
dans l'armée italienne, dont le salaire était constitué d'un peu de nourriture
et des mégots des cigarettes fumées par les Français, les travaux de la nouvelle
base progressèrent assez vite et même une place d'arme fut aménagée pour les
parades et les manifestations.
Entre-temps les hommes en garnison à Alghero avaient perdu tout contact avec
la base de Châteaudun-du-Rummel, où la nouvelle du changement de destination
n'était pas parvenue et où l'on pensait encore que la nouvelle base était
toujours en Corse. En outre, à Alghero, on se rendait compte que la piste,
malgré les modifications apportées, était trop courte pour permettre un décollage
sûr des Marauder à pleine charge. Finalement, un contact put être établi entre
la base en Sardaigne et celle en Algérie.
Les hommes et le matériel, partis le 6 janvier de Bizerte avec le deuxième
LST étaient arrivés en Corse depuis longtemps. Pour leur permettre de rejoindre
leurs compagnons d'armes en Sardaigne, ils furent inexplicablement réexpédiés
à Oran ou Alger et de là réembarqués pour notre île.
Finalement, début mars, la décision tombait : le groupe Maroc serait transféré
à Villacidro où le 17e groupe américain était déjà stationné. Le 3 mars, les
troupes au sol du groupe 1/22 rejoignirent Villacidro, pour partie en chemin
de fer par la gare de Sassari et pour partie sur des camions mis à disposition
par les Américains. Sitôt arrivé, le commandant de Bernardy se présenta au
commandement américain pour prendre les ordres : on lui expliqua que les Français
constitueraient un détachement à part qui participerait aux missions avec
les Américains du 17e, mais dépendant directement du 42e Wing d'Elmas.
Après avoir pris possession de la zone S'Acqua Cotta, le groupe Maroc commença
à organiser la nouvelle base comme il l'entendait. Cette mission fut confiée
au capitaine Julien, lequel "se fit un devoir de reproduire le palais de Versailles
et présenta un plan qui prévoyait le déploiement du groupe sur une surface
de 70 mètres de profondeur et de 300 mètres de front." (D'après le journal
de marche du GBM 1/22 Maroc.) Tout le monde se mit au travail et, en peu de
temps, entre la maison cantonnière et les collines, surgit le camp de toile
avec ses tentes bien alignées et ses allées entre une file et l'autre : autre
chose que le chaos du camp de toile de Gutturu 'e Forru où les Américains
s'étaient installés, chacun à sa convenance, apparemment sans un ordre bien
précis. Le terrain pour le stationnement des avions fut préparé ainsi que
des zones pour l'installation de tous les services dont la nouvelle base avait
besoin : les tentes pour la cuisine, pour les ateliers, pour les services.
Le mess des officiers fut installé à l'intérieur de la maison cantonnière
où, mais seulement dans un deuxième temps, prit également place le quartier
général. Sur un mât démesurément haut, au centre de la place d'armes, le drapeau
tricolore se détachait sur les montagnes de Villacidro. Pour l'eau, il fut
nécessaire d'instituer un service journalier de camion-citerne, étant donné
que le puit le plus proche se trouvait à environ7 kilomètres de la base. Quelques
jours plus tard, le commandant chargé de la base pouvait se dire satisfait
de l'ordre et de la discipline qui régnaient dans le campement français.
Les Américains avaient construit deux pistes, une pour eux, dans la zone de
Trunconi proprement dite, et une
pour les Français, qui allait jusqu'à la zone de S'Acqua Cotta. Les deux étaient
très larges et longues de plus de deux kilomètres. Sur les deux, les Américains
déversaient périodiquement des tonnes d'huile usagée, avec la vaine espérance
de contenir la poussière.
Les Américains du 17e Bomb Group ne réussissaient pas à comprendre pourquoi
les avions français n'étaient pas encore arrivés et, en réalité, les Français
n'arrivaient pas non plus à l'expliquer. Certains, ironiquement, en vinrent
à suggérer qu'on mît sur les journaux une annonce pour la recherche des avions
et de leurs équipages. De toute façon, afin d'accélérer les choses, le commandant
Webster avait accepté que plusieurs navigateurs et bombardiers [mitrailleurs
?] puissent participer aux bombardements à bord [des avions] du 17e Group.
De la même façon, le personnel au sol fut autorisé à participer au travail
sur la piste, aux côtés de leurs collègues américains, surtout pour s'entrainer
à charger les bombes sur les avions.
En ce qui concernait les avions, toujours rien. Par contre, on apprit que,
dès le 5 octobre 1943, le général Webster avait informé les chefs de l'aviation
française que le GBM 1/22 serait basé à Villacidro.
À la fin, après plusieurs ordres et contrordres et deux mois d'attente, les
équipages du groupe Maroc, à bord de leur B26, purent quitter leur base de
Châteaudun pour atterrir environ une heure et demie après sur la piste de
Villacidro. L'atterrissage du groupe fut parfait et, aux dires des Français,
les Américains furent tellement impressionnés de cette performance que l'opérateur
de la tour de contrôle aurait affirmé n'avoir jamais vu auparavant un vol
de groupe et un atterrissage aussi beaux : vanité habituelle des Français
ou courtoisie de la part des Américains ?
De toute façon, entre ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas… malgré l'habileté
démontrée par les pilotes français lors de l'atterrissage sur la piste de
S'Aqua Cotta, le général Webster exigea qu'avant de participer aux missions
de guerre avec les Américains, les équipages du groupe Maroc fussent soumis
à un entrainement supplémentaire, ici en Sardaigne, sous la supervision du
commandant Robinson. Par conséquent, exercices quotidiens de décollage et
d'atterrissage, de vol de groupe et de bombardement. Ce dernier consistait
à atteindre les cibles placées sur les ilots non habités de Serpentara, du
Toro et de Maldiventre, en faisant très attention à ne pas écorner l'ilot
de la Vacca sur lequel habitait une petite communauté. Un jour, cependant :
"Volets ouverts, bombes sorties, je referme les volets. Mais, merde, c'est
l'île de la Vacca !" Heureusement, les bombes étaient chargées à blanc et,
arrivées au sol, elles se limitaient à produire une certaine quantité de fumée
de façon à ce qu'on puisse se rendre compte si elles étaient tombées au bon
endroit.
L'installation à Villacidro se passa rapidement et sans problème. Pour les
français qui avaient été basés en Afrique dans des conditions assez difficiles
et sans soutien logistique, se retrouver incorporés dans la parfaite organisation
américaine représentait indubitablement un saut de qualité.
Pour le ravitaillement, comme pour tout le reste, les Français dépendaient
quasi exclusivement de l'abondance de moyens des Américains. Ainsi, les rations
étaient semblables dans les deux campements : cinq paquets de cigarettes,
un peu de tabac, quelques boîtes d'allumettes et un paquet de confiseries
par personne et par semaine, au prix de 49 AM lires.
Cependant, la nourriture et les boissons que les Américains passaient à leurs
alliés étaient tellement abondantes, mais peu appréciée par le palais des
Français. C'est pourquoi à "la petite Versailles" on songea à équiper un avion
pour l'approvisionnement de vivres en provenance d'Algérie. Naturellement
il s'agissait d'un B26 qui normalement n'était pas utilisé pour le bombardement.
Le logement des bombes fut modifié pour pouvoir contenir les caisses de fruits
et de légumes devant servir à accompagner la viande américaine et deux réservoirs
supplémentaires neufs devaient être remplis de bon vin nord-africain qui,
pour favoriser la digestion, était certainement plus indiqué que la limonade
synthétique en dotation dans l'armée américaine.
Les nouveaux arrivants n'ayant pas leur propre aumônier, celui du 319e Bomb
Group, en garnison à Decimomannu, offrit ses services aux pauvres âmes en
peine des Français.
Une des raisons pour lesquelles pratiquement personne ne s'aperçut de la présence
des Français à Villacidro doit être recherchée dans le fait que le commandement
du 42e Wing leur avait interdit de faire du commerce avec les habitants du
cru, arguant du fait qu'en Sardaigne on manquait de tout et que le peu qu'il
y avait devait rester aux Sardes. Il est bien connu cependant qu'entre les
soldats américains et les habitants de Villacidro il y avait des échanges
et du commerce de toute sorte, pratiqués au nez et à la barbe des autorités
et contrevenant aux ordres provenant d'Elmas.
D'après les souvenirs du capitaine G. Courtin : "Mais nous vivions, eux (les
Sardes) et nous, dans deux mondes séparés par des siècles. Ils se trainaient
dans une existence végétative, en marge des événements qui les effleuraient
à peine. Là sont passés les Allemands… remplacés par les Américains et les
Français. Qu'importe, ces étrangers partiront eux aussi à leur tour."
Le commandement américain avait pris des dispositions pour décourager les
échanges commerciaux entre les français et les habitants, cependant, évidemment,
il ne fut pas possible d'éliminer aussi les contacts humains.
"Je profitai de mes moments de loisir durant mon premier séjour pour visiter
Cagliari, capitale de la Sardaigne du sud, et je la trouvai complètement dévastée
par les bombardements. Je trouvai ce coin de la Sardaigne pauvre, misérable
même dans son aspect, avec ses maisons faites de briques de boue séchée, ses
habitants allant tous pieds nus, ses marais et ses moustiques annonciateurs
de paludisme… L'unique richesse que je pus observer était les moutons et une
multitude de bœufs aux cornes gigantesques. Les bords des routes poussiéreuses
de la vaste plaine où se trouve Villacidro étaient pleins de soldats italiens,
aux vêtements déchirés et en lambeaux, dont l'unique tâche était de remettre
au milieu de la route la poussière que les véhicules déplaçaient incessamment.
Le dimanche, je me rendis également à Villacidro, petit village ramassé sur
le flanc d'une colline parsemée de rares arbres, dans une église aux murs
peints aux couleurs violentes. À la messe dite par un curé italien assez rondouillard
pour une foule de fidèles, les hommes étaient en habit noir et les femmes
portaient un châle et des vêtements aux couleurs violentes… Il fallait également
s'habituer au vent permanent et à la poussière impalpable qui recouvrait la
plaine absolument dénuée de végétation où nous nous trouvions. Pour nous déplacer,
nous devions absolument utiliser une jeep, vues les distances entre les avions
soigneusement éparpillés, la piste, nos tentes et l'état-major de l'escadre,
installé au bord de la route, dans l'unique bâtisse de notre secteur, qui
appartenait à l'entreprise chargée de l'entretien des routes (la maison cantonnière
de S'Acqua Cotta)." (Le Franche Comté, par le colonel Paul Badré, GB 2/52
dans Icare, Le Débarquement, tome 3).
Quand l'été arriva, une autre façon d'occuper le temps libre était de se rendre
à la mer pour trouver un peu de fraîcheur dans les eaux de Buggeru, où les
français se rendaient en jeep et où la population les accueillait avec beaucoup
de chaleur.
Mais la principale distraction était les spectacles organisés par les soldats
eux-mêmes. Ainsi, l'accueil joyeux réservé aux aspirants et aux sous-lieutenants
ne manqua jamais de fantaisie. À cela, la présence du sous-lieutenant Georges
Riquier, pensionnaire de la Comédie Française, officier chargé des loisirs,
ne fut certainement pas étranger. Grâce à son appui, Joséphine Baker en particulier,
officier de l'Armée de l'Air, vint à Villacidro pour apporter, avec ses chansons,
joie et gaité aux troupes.
Le 19 mai, la tension était à son maximum : le général De Gaulle arriva à
bord d'une forteresse volante, précédée de toute une flotille d'autres appareils.
Le chef de la France Libre n'était pas seul, mais amenait dans ses bagages
une suite prestigieuse composée des généraux Eaker, Edwards, de Lattre de
Tassigny, Bethouard et le commissaire à la défense nationale André Diethelm…
Tous les équipages des groupes Maroc et Bretagne furent rapidement présentés
aux visiteurs. La visite fut très brève et les visiteurs partirent, presque
en s'excusant d'avoir dérangé des hommes en pleine activité guerrière.
L'état-major d'Alger, au grand désappointement des équipages qui se seraient
trouvés en grande difficulté dans l'éventualité malheureuse où ils auraient
dû abandonner leur avion à cause d'un incident, envoyait assez souvent des
hôtes qui voulaient éprouver l'ivresse du vol pendant une mission au-dessus
des lignes ennemies. Parmi eux, les généraux Valin,
et Rignot, les colonels Testard et Guyot, et Saint-Exupery,
le plus apprécié pour sa forte personnalité.
Comme les Américains, les Français avaient recueilli plusieurs chiens errants
qui cherchaient un peu de nourriture aux abords des cuisines des campements.
À S’Acqua Cotta, d'autres animaux furent également recueillis : il y avait
la petite truie Victoire qui dormait à l'intérieur d'une tente, il y avait
deux petits faucons qui chaque soir venaient se poser sur un perchoir au centre
du camp, il y avait un mouton qui aimait chiper les cigarettes et puis il
y avait Billy, une petite chienne, du genre de celle que nos paysans avaient
l'habitude d'attacher sous les charrette, quand il y avait encore des charrettes.
"Elle s'appelait Billy. La petite chienne Billy avait été recueillie en Sardaigne
par J.-Baptiste Liebenguth quand le groupe Maroc était stationné à Villacidro.
Cette petite chienne avait participé à environ 60 missions de guerre, sans
compter les nombreux vols d'entrainement et de liaison. Elle aurait certainement
mérité la Croix de Guerre, mais on ne donne pas de décorations aux animaux,
lesquels pourtant contribuent à conserver un moral élevé à ceux qui doivent
combattre. Son maître lui avait préparé un harnais adaptable aux parachutes
des membres de l'équipage, de façon à ce qu'elle puisse être sauvée dans le
cas où on aurait dû abandonner l'appareil au cours d'une mission. Le 22 janvier
1945, son maître fut abattu par la DCA et fait prisonnier. Par chance, elle
ne participait pas à la mission. Elle fut prise en charge par Guy Pangaud
et l'accompagna durant un grand nombre de missions de guerre au-dessus de
l'Allemagne. La mise en route des moteurs et le bruit des mitrailleuses la
faisait trembler. Autrement, elle parcourait l'avion, rendant visite à tous
les membres de l'équipage. Au retour de chaque mission, elle était la première
à sauter à terre pour aller se coucher à côté de la roue gauche du B26. Quand
Liebenguth revint de captivité, Billy retrouva avec plaisir son premier maître
qui ne la quitta plus jusqu'au jour de son décès." Témoignage de G. Pangaud,
sur les M.F.
Au début, les missions se déroulaient exclusivement sur le nord de l'Italie,
qui devait encore être libérée. Mais assez tôt, les avions durent effectuer
des bombardements également sur le sol français, où il fallait affaiblir les
défenses nazies pour faciliter un éventuel débarquement.
Le 6 juin 1944, le clairon sonna le rassemblement général. Les hommes étaient
attentifs, tandis que le drapeau fut hissé et la voix de stentor du général
s'éleva : "Officiers, sous-officiers, soldats, l'état-major du 42e Wing m'autorise
à vous communiquer officiellement qu'à l'aube de ce jour les troupes alliées
et les nôtres ont débarqué sur le sol de notre patrie. Vive la France." En
réponse, les hommes entonnèrent à tue-tête une Marseillaise bien ressentie.
Lors d'une mission, un avion du groupe GBM 2/52 Franche-Comté, piloté par
le colonel Bouvard, fut abattu au-dessus de Saint-Mandrier. L'équipage, sauvé
grâce aux parachutes, fut fait prisonnier et interné dans le fort de Sain-Mandrier.
A la fin de la bataille pour la prise de Toulon par les troupes de la première
armée et les résistants de Toulon, les 200 Allemands de la garnison
préférèrent se rendre au sept aviateurs français. Et c'est ainsi que le colonel
Bouvard put rentrer à Villacidro avec deux drapeaux nazis pris à l'ennemi.
L'un d'entre eux fut donné au général Webster qui, n'en croyant pas ses yeux,
ne put s'empêcher de s'exclamer, moitié en français, moitié en anglais : "Sacrés
Frenchies !"
A la fin de septembre, les Américains quittèrent notre pays pour déménager
en Corse. Les derniers détachements français abandonnèrent le terrain de Villacidro
une quinzaine de jours plus tard pour s'installer à Istres, en France métropolitaine.
Ils pouvaient enfin rentrer dans leur patrie d'où ils continuèrent à se battre
contre l'Allemagne jusqu'à la défaite définitive du nazisme.