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Commandant  Hubert  Marie  Monraisse

24/04/1909 - 08/10/1944

ancien patron des "Sioux"
et du ‘’Champagne’’
Premier Commandant de la 3 ème Escadre de Chasse
puis de la 1 ère Escadre de Chasse

Hubert Marie Monraisse naît le 24 avril 1909, à Aurillac (Cantal),   

de Joseph Eugène André Monraisse, docteur en médecine, et Marguerite Marie Louise Estelle de Canteloube de Marmiès, vieille famille aurillacaise dont un oncle, né à Tarbes en 1879 et ancien Saint Cyrien, fut commandant dans l’aéronautique militaire pendant la 1ère Guerre mondiale, ayant eu l'honneur de rédiger la dernière citation du capitaine Georges Guynemer [2]. 

Le jeune Monraisse suit ses études secondaires au lycée Saint-Eugène d'Aurillac où il est bon élève et l'un des meilleurs sportifs du lycée, puis prépare Saint Cyr à Paris (école Bossuet). Engagé volontaire pour 8 ans le 5 octobre 1927, il est simultanément admis au concours d'entrée à Saint-Cyr, promotion "Maréchal Gallieni" (1927-1929). Nommé sous-lieutenant le 1er octobre 1929, son classement lui permet de rejoindre l’école de l’aéronautique de Versailles où il va faire son application (45 Saint Cyriens de la promotion Galliéni choisirent alors l'aéronautique ; 18 seront tués entre 1940 et 1945).

La phase pratique de l'application ayant lieu à Avord, il y est breveté observateur le 12 juillet 1930, puis pilote le 13 novembre avec la notation suivante : "Bon pilote, plein d'allant et digne de confiance ; calme et prudent, régulier et précis".

D’abord affecté à l’état-major de l’aéronautique, il rejoint, le 25 avril 1931, le 38ème Régiment d’aviation où il sert d'abord à la 12ème Escadrille, puis au 3ème Groupe de la 6ème Escadrille.   En 1934, ses qualités le font être désigné pour suivre le "cours de perfectionnement" d'Etampes, alors le "Temple" du pilotage… à l'issue duquel l'un de ses pairs le désigne comme le "meilleur chasseur de la promotion".

Mais c'est au Levant que le lieutenant Monraisse va demander à servir ; il y restera trois ans, sillonnant le ciel d'Orient de Beyrouth à Damas et d'Alep à Palmyre au sein de la 6ème Escadrille du 39ème Régiment d’aviation, puis, à la création de l’armée de l’Air en 1935,  à la 4ème Escadrille de la base aérienne 139.


Photo de groupe de la 4ème escadrille de la 39e Escadre d'Observation sur la base aérienne 139 de Rayak. Le capitaine Hubert Monraisse est assis au premier rang, au centre.
Le fanion de l'escadrille C 575 est calé sur l'hélice du Potez 25 TOE.

Promu capitaine le 15 décembre 1936, il rentre en France le 17 juillet 1937 et rejoint le 17 novembre 1937 le Groupe de Chasse I/5 à Reims (5ème Escadre aérienne). Un mois plus tard, il est nommé commandant en second du groupe.

En mars 1939, il est muté au GC II/5 et reçoit le commandement de la 3ème Escadrille qui redevient très vite la célébre  escadrille "La Fayette" nantie de l'insigne à "Tête de Sioux".


Photo de groupe du GC II/5 à Reims le 15 septembre 1939 avant le départ pour Toul - GC II/5 - De gauche à droite en suivant les plans verticaux successifs : Lt Cordier, Cne Reyne (nu-tête) - Cne Destaillac, S.Lt Faure, Cne Monraisse, Lt Meunier (nu-tête), Cne Sarault, Lt Houze (nu-tête), S.Lt Villacèque, Cdt Hugues, S.Lt Trémolet, Lt.Col Nuville
, S.Lt Besson, Cdt Brantonne, Lt Huvet.

voir contribution


Le Groupe de Chasse 2/5 La Fayette lors de la visite de Roode d'un ancien de 14/18. De gauche à droite : Svétlik, Thomas, Dugoujon, Klan, Péchaud, Trémolet, Monraisse, Salès, Legrand, Villacèque, De Roode, Huvet, Cdt Hugues, Quéguiner, Portalis, Hème, Gras, Houzé, Montgolfier, Angiolini, Jaske, Rousseau, Janeba, Chabera.

Lorsque la guerre éclate le 3 septembre 1939, le capitaine Monraisse a trente ans et c’est « aux armées » que le 30 décembre 1939, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur ; quelques semaines plus tôt, il a été l’un des neuf pilotes du groupe engagé en combat aérien sur chasseur américain Curtiss H75 contre 27 chasseurs adverses [3].


Après le célébre combat des neuf contre les vingt-sept [3], le 6 novembre 1939, le GC II/5 fait la une de Match. De gauche à droite : Salès, Lefol, Angloliné, Gras, Houzé.


Autre photo médiatique du GC II/5 du temps de cette "Drôle de Guerre". De gauche à droite : Hubert Monraisse, Péchaud, Salès, Legrand, Lefol, Angiolini.


Le 17 février 1940, le capitaine Hubert Monraisse est fait chevalier de la Légion d'honneur et est décoré de la Croix de guerre à Toul par le général Testut.

Excellent pilote de chasse c'est-à-dire "fin pilote" et "fin tireur", il reçoit la croix de guerre le 31 janvier 1940 et termine la Bataille de France avec 7 victoires aériennes confirmées plus 2 probables obtenues entre le 16 mai et le 14 juin 1940, ce qui lui vaut 7 citations dont 3 à l’ordre de l’armée. Il totalise alors 114 heures de vol en missions de guerre effectuées sans dommage si on excepte trois impacts ayant détruit le pare brise de son appareil avant que d'encadrer son visage… 


Bilan de la bataille de France en 1940 pour Hubert Monraisse - 7 victoires aériennes confirmées plus 2 probables obtenues entre le 16 mai et le 14 juin 1940 contre 3 impacts et un pare brise endommagé.

Le 20 juin 1940, son Curtiss fait partie des quelques six cents chasseurs, bombardiers et appareils divers qui rejoignent l'Afrique du Nord, non sans difficultés pour lui puisque la dérive de son appareil est endommagée par un Potez qui l'accroche sur l'arrière, ce qui lui vaut d'arriver à Oran avec un très long retard tandis que ses camarades le croyaient perdu en mer.  Un mois plus tard (19 août), le GC II/5 rejoint Casablanca. Si on excepte une courte mission à Dakar en novembre 1940 et un stage de perfectionnement à La Reghaïa à l'automne 1941  le capitaine Monraisse restera deux années au Maroc (Casablanca et Rabat) au cours desquelles il n'aura de cesse, malgré les contraintes et restrictions imposées par l'armistice, de voler et faire voler afin de "rester en forme" pour le grand jour...

Le 24 mai 1941, il épouse Andrée Turpin qui lui donnera trois fils : Bertrand, Bruno et Renaud, le dernier venant au monde deux mois après la mort de son père.


 En décembre 1941, il prend à Rabat le commandement du GC I/5 "Champagne" et le gardera deux ans. Il est promu commandant le 15 novembre 1942. 


1941 - Photo de groupe du GC II/5 à Casablanca devant le Curtiss H75 n°293 en 1941. De gauche à droite : Lt Monperq (officier transmission), Lt Tremolet, Lt Hebrard, Lt Villaceque ("Boa"), Lt Pain (Officier mécanicien), Cne Monraisse, Cdt Archaimbault, Lt Huvet, Cnr Reyné, Ruchoux, Lt Doudier, Duranthon, Le Stum, Rubin.

Après le débarquement allié de novembre 1942, le I/5 est équipé de Curtiss P40 ce qui permet de doper l'activité aérienne ; rééquipé par les Américains en juillet 1943 avec des Bell P39 Airacobra, le groupe est transféré à Tafaraoui (près d'Oran) au sein du Coastal Command. Ce sont alors les longues missions de protection des convois en Méditerranée contre les U-Boote et les appareils de la Luftwaffe, qui vont permettre à l'aviation de combat française d'être réinsérées dans le dispositif allié mais, surtout, redonner "ses" escadres de chasse à l'armée de l'Air ce qui est fait fin 1943.

C'est ainsi que le 3 janvier 1944, il est  le premier désigné pour prendre le commandement de la 3ème escadre de Chasse,  laissant celui du «Champagne» à Marin la Meslée,  devenant ainsi  le plus jeune commandant d’escadre de France.  Sous son commandement, le GC I/5 aura fait  12 000 heures de vol dont 4 000 sur P39. A ses proches et à ses pairs, il dit sa tristesse et déclare : - « L’escadre est un échelon d’où on voit les avions d’un peu plus loin… Je voudrais tant que ma carrière de pilote de chasse ne soit pas déjà terminée ». Son supérieur lui accorde le droit de continuer des missions de guerre. La 3ème Escadre de Chasse (GC I/5, III/6 et I/4) fait mouvement vers La Reghaïa (Algérois), poursuivant les missions de patrouille maritime.


02 juin 1944 - La Réghaïa - Prise d'armes à la 3ème escadre de chasse - De gauche à droite, le commandant Hubert Monraisse, le général d'armée aérienne René Bouscat
, le commandant Paul Stehlin.
A l'arrière plan, le P39 Airacobra qui équipait à l'époque la 3ème EC
.


02 juin 1944 - La Réghaïa - Prise d'armes à la 3ème escadre de chasse - De la droite vers la gauche, le général d'armée aérienne René Bouscat
, les commandants Hubert Monraisse de la Martinière et Paul Stehlin.
Paul Stelhin sera plus tard Chef d'Etat-Major de l'Armée de l'air (15/03/1960 - 30/09/1963)
.


02 juin 1944 - La Réghaïa - Prise d'armes à la 3ème escadre de chasse - De la gauche vers la droite, le lieutenant-colonel Jacques Murtin, le général d'armée aérienne René Bouscat
, les commandants Hubert Monraisse et Jean Machet de la Martinière.

Le 20 juin suivant, il reçoit le commandement de la 1ère Escadre de Chasse (GC I/3, I/7 et II/7 sur Spitfire), l'unité - intégrée au sein du Tactical Air Command - étant immédiatement transférée en Corse d’où elle est engagée sur l'Italie. Elle soutient ensuite le débarquement allié en Provence avant de rejoindre enfin, le 3 septembre 1944 et après quatre ans d'exil, le territoire de la mère patrie.

La "1" change ses Spitfire Mk V contre des Mk IX et se déplace au rythme des opérations, à Lyon, Dijon [4], Luxeuil pour effectuer des missions tactiques de Sweeps et Straffings au profit des Alliés et, en particulier, de la 1ère Armée du général de Lattre de Tassigny qui boutent la Wehrmacht hors de France avant de pénétrer sur le territoire du IIIème Reich au début de 1945. Le commandant Monraisse est un soldat heureux, déclarant - : "J'ai actuellement le plus beau commandement que j'aurai jamais : des unités combattantes et leurs services, tout cela dans la main, et je crois que cela tourne bien rond".  

Le 8 octobre 1944, deux patrouilles de quatre avions décollent à 14:05 de Luxeuil en mission Sweep sur les axes Colmar, Strasbourg, Pforzheim et retour. Le chef de dispositif est le capitaine Dorance dont le box est désigné pour conduire les attaques sur la branche aller et une partie de la branche retour, le commandant Monraisse assurant avec sa patrouille la protection aérienne. Deux locomotives sont détruites.

Au retour, les missions sont interverties à partir de Freudenstadt, les quatre Spitfire du commandant Monraisse passant attaquants sous la couverture du capitaine Dorance.

Un train sous pression ayant été signalé dans la gare de Haslach im Kinzigtal, le commandant Monraisse décide "d'attaquer dans le soleil" ; suivi de son numéro 2 (commandant Alexandre),  il exécute une boucle destinée à se placer "soleil dans le dos", pique sur la gare, aligne l'objectif au centre du collimateur et tire une longue rafale qui retourne le ballast devant la machine avant de la toucher de plein fouet ainsi que les wagons de tête.

En protection au-dessus de l'attaque, le capitaine Dorance voit le Spitfire de son commandant d'escadre frôler la locomotive puis passer sur le dos avant de percuter un bâtiment de la gare, faisant quelques victimes civiles.  

Il est 15:05. "Bouquet 5" ne répondra plus jamais…  Hubert Monraisse a trouvé la mort à 34 ans.


Cette action s'inscrivait aussi dans un plan allié ayant pour objectif la destruction de gares ainsi que de convois et voies ferrées dans cette partie du Pays de Bade, afin d’empêcher l’acheminement de machines outils et approvisionnements destinés à reconfigurer dans une mine située à proximité de Haslach une chaîne de montage de sous ensembles de fusées V2 (évacués d'Alsace devant l'avance alliée, les concentrationnaires des camps nazis du Struthof et de Natzweiler - parmi lesquels beaucoup de Français - étaient astreints dans des conditions épouvantables à agrandir les galeries de la mine Vulkan).

Le commandant Hubert Marie Monraisse recevra sa huitième citation : signée du général Bouscat, chef d’état-major de l’armée de l’Air, elle met en lumière la quintessence de ses qualités d’officier, de pilote, de chef mais aussi d'homme :

« Commandant d’escadre possédant les plus hautes qualités de chef, entraîneur d’hommes remarquable, vivant exemple pour tous.

Totalisant 7 victoires officielles pendant la campagne 39-40, le commandant Monraisse a repris la lutte contre l’ennemi avec un vif enthousiasme et une volonté farouche.

Engagé d’abord dans la défense côtière, il a ensuite effectué dans les forces aériennes tactiques de nombreuses missions de bombardement en piqué et des mitraillages.

A trouvé une mort glorieuse à la tête d’une expédition en territoire allemand.

 Le commandant Monraisse reste dans la mémoire de tous ceux qui l’ont connu comme un officier de la plus grande droiture, un pilote émérite et un chasseur hors pair ».

Mais une autre citation mérite d’être conservée en mémoire, par laquelle il affirmait sa foi dans son engagement de soldat :

« Je n’oserais pas porter la tête haute devant d’autres aviateurs si je ne faisais rien. Je crois être dans le vrai. La famille, les enfants, les difficultés d’ordre matériel n’existent pas devant l’honneur de se battre ». 

Chevalier de la Légion Croix de guerre 1939-1945 avec huit citations dont six palmes, le commandant Monraisse était titulaire de 3.419 heures de vol. ( dont 318 h. de guerre )

Mort pour la France, son nom sera donné à la base aérienne 944 de Narbonne (P.S.I)

D’après un texte du Cdt.(cr) J-P. Simon 


Rapport du commandant Alexandre, commandant provisoirement la 1ère Escadre de Chasse, concernant l’accident du commandant Monraisse.
 

ESCADRE DE CHASSE N° I                                          SP 99.205 le 12 octobre 1944
ETAT-MAJOR
N° 659/EC 

                                                                       Le Commandant ALEXANDRE
                                                              Commandant pvt l’Escadre de Chasse N° I
                                                                                              à
                                                           Monsieur le Colonel Commandant les Forces Aériennes Rhône et Rhin 

OBJET : C.R. de mission 

            J’ai l’honneur de vous rendre compte des conditions dans lesquelles le Commandant H. MONRAISSE, Commandant l’Escadre de Chasse N° I s’est tué au cours d’une mission au-dessus de l’Allemagne.

            Le 8 octobre 1944 à 14 h 05 la patrouille suivante décollait de LUXEUIL pour effectuer un « Sweep » dans la région :
                        LUXEUIL - COLMAR - STRASBOURG – PFORZHEIM - Altitude : 15 000 pieds 

Cne  DORANCE   
Chef du dispositif
Cdt  MONRAISSE
Lt   GIRERD    Cdt  ALEXANDRE
S/Lt PIZON   Mtre  MOULINIER
Lt   GUILLEMINOT   Mtre  PONCET 

MISSIONS RECUES.
1°/- Destructions d’objectifs aériens
2°/- Straffing sur les routes et voies ferrées à l’Est du Rhin 

Au cours de « Briefing » il avait été convenu qu’au retour, la patrouille guide descendrait à basse altitude dans la vallée RASTATT – FREUDENSTADT et mitraillerait les objectifs rencontrés soit sur la route, soit sur la voie ferrée. La patrouille du Commandant MONRAISSE restant en protection. 

A FREUDENSTADT, il y aurait permutation des patrouilles jusqu’à HASLACH. Ensuite, tout le dispositif reprendrait de l’altitude pour rentrer à la base.  

La première moitié de la mission s’exécute normalement. Deux locomotives sont détruites par la patrouille du Capitaine DORANCE entre GERNSBACH et FREUDENSTADT.  

A FREUDENSTADT, la patrouille du Commandant MONRAISSE devient offensive et celle du Capitaine DORANCE assure la protection, il est 15 heures. 

A 15 H 05, un train à l’arrêt est signalé par le Commandant MONRAISSE dans la gare de HASLACH et il donne l’ordre d’attaque. 

Il exécute une marche d’approche soleil dans le dos et passe à l’attaque. Je suis en seconde position à une centaine de mètres de mon chef de patrouille. Je vois son tir d’abord court, s’ajuster et toucher la locomotive et les wagons de tête du train.
A ce moment, je mets la tête dans la carlingue et je prends ma visée sur la locomotive. Mon tir terminé, je quitte des yeux mon collimateur et il me semble apercevoir un pylône situé dans la gare s’effondrer et je vois une grande flamme s’élever dans la gare même.
Je prends de l’altitude et je cherche en vain mon Chef de patrouille. A ce moment, le Capitaine DORANCE me signale par radio que « Bouquet V » (Call sign du Commandant MONRAISSE) a percuté. 

D’après le Capitaine DORANCE qui a vu l’attaque du Commandant MONRAISSE celui-ci s’est présenté très bas et a poussé son attaque à fond.
Il ne semble pas qu’il y ait eu de Flak légère. 

Signé ALEXANDRE  

DESTINATAIRES.
Mr le colonel Commandant les F.A.R.R.
Inspection Chasse (copie)
Archives 

NB : ce CR est repris par le Lcl ALLONGUE, commandant par intérim l’Air au Maroc, pour répondre à la demande d’informations exprimée par Madame MONRAISSE (adresse : chez Madame BOUVIER, 235, Bd de la Gare à CASABLANCA)

Rapport du capitaine DORANCE, chef du dispositif.
Squadron I/7 – (« PROVENCE »)


   N° 1915/DSQ

RAPPORT DU CAPITAINE DORANCE

SUR L’ACCIDENT SURVENU AU COMMANDANT MONRAISSE

A HASLACH (Forêt noire)

Le 8 OCTOBRE 1944 

            J’étais chef d’un dispositif  de 8 ayant mission de destruction générale et mitraillage au sol sur l’itinéraire :

Luxeuil, Colmar, Strasbourg, Pforzheim et retour – Altitude de principe 15000 pieds. Le Commandant MONRAISSE commandait la patrouille d’accompagnement. Nous avions décidé de mitrailler dans la Valée de Forbach, Haslach, en Forêt noire et avions convenu que sa patrouille de 4 ferait 3 passes de mitraillage sur les objectifs éventuels, pendant que la patrouille du Cdt MONRAISSE assurerait ma protection. Cette première partie s’était exécutée sanas encombre. Parvenu à Haslach j’avertis par radio le Commandant que son tour était venu de mitrailler et que je vais assurer sa protection. Je lui signale un train sous pression dans la gare d’Haslach. Le Cdt répond : « compris, je vais attaquer dans le soleil », se place avec sa patrouille en noria et part à l’attaque. Au moment du tir à distance normale, les impacts sont très courts, franchement devant la locomotive ; la rafale continu, très longue et se règle sur la machine, mais dès cet instant la durée du tir a été telle que je m’inquiète de la ressource, effectivement j’aperçois l’appareil raser la machine, passer brutalement sur le dos, puis, toujours en vol pendant I00 à 200 mètres, venir percuter un bâtiment de la gare où il explose en flammes aussitôt ; 

Je signale le fait par radio et nous rentrons au terrain. Je suis certain que le Commandant est mort sur le coup. L’accident me semble dû à une ressource trop basse. L’avion a dû heurter un obstacle, de l’aile. Je n’ai vu aucune D.C.A. 

   A S.P. 99017, le 14 Octobre 1944

Le Capitaine DORANCE

                                                                 Commandant le Squadron I/7 (« Provence ») 

Copie de :
SHD Département Air
Carton « Accidents » 01-31 octobre 1944
Dossier 6D38 Spitfire GC 01.007


[1] Notez l'insigne porté par le commandant Hubert Monraisse.
A identifier :
- l'Hirondelle de la SPA 95, 1ère escadrille du GC I/4 Navarre,
-ou le "Martinet", 10ème escadrille du 3ème RAC en septembre 1921 qui reprit dix ans plus tard les traditions et l'insigne de la SPA 167 Cigognes (voir complément d'informations) [retour]


[2] Citation du capitaine Georges Guynemer :

« Mort au champ d’honneur le 11 septembre 1917. Héros légendaire, tombé en plein ciel de gloire, après trois ans de lutte ardente. Restera le plus pur symbole des qualités de la race : ténacité indomptable, énergie farouche, courage sublime. Animé de la foi la plus inébranlable dans la victoire, il lègue au soldat français un souvenir impérissable qui exaltera l’esprit de sacrifice et provoquera les plus nobles émulations. » [retour]


[3] Le combat des neuf contre vingt-sept :

(Source Sirpa-Air : pochette "80 ans d'aviation militaire française" Editions ADDIM - octobre 1993)

6 novembre 1939, Groupe II/5, Sioux et Cigognes

En septembre 1939, quatre groupes de chasse, GC I/4, II/4, I/5, II/5, sont équipés de Curtiss H 75 A américains. Le 6 novembre 1939, le GC II/5, basé à Toul, doit escorter un avion de reconnaissance au-dessus de la Sarre. Trois patrouilles aux ordres du lieutenant Houzé décollent vers 14 heures 30 : sergent-chef de Montgolfier, sergent Bouhy, aspirant Le Fol, sergent-chef Legrand, sergent Audrain, adjudant Goujon, sergent-chef Trémollet et sergent Salès. Ils se heurtent assez rapidement à une formation de 27 Messerschmitt Bf 109 D contre laquelle ils livrent un combat acharné, arrachant quatre victoires homologuées et quatre probables pour la perte d'un appareil qui parviendra cependant, désemparé, à rejoindre Toul. Ainsi s'achève le combat dit des « 9 contre les 27 », annonçant le glorieux palmarès du GC II/5 qui se clôture en juin 1940 sur 70 victoires dont 48 probables pour deux pilotes tués.
Collection Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget.

(Source Sirpa-Air : pochette "80 ans d'aviation militaire française - Editions ADDIM -octobre 1993) [retour]


[4] Le commandant Hubert Monraisse est le PREMIER aviateur français à se poser sur la base (ruinée) de Dijon-Longvic après sa libération, le 18 septembre 1944, avec le Hurricane de servitude du 1/7 n° 671 (vraissemblement par acquis de conscience et par sérieux avant l'arrivée du groupe). [retour]

Voir contribution [retour]


Depuis le 20/08/1970 la BA.944 (devenue station radar classée en Elément Air Rattaché à la BA.125 Istres à compter du 30 avril 1993) porte le nom " Commandant Hubert Monraisse"

En 2017 le "PC escadre" de la 3ème escadre de chasse (récemment créée) à Nancy s'appelle désormais "commandant Monraisse"