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(source
: © Armée de l'air)
Michel Croci est né le 26 juillet 1944 à Montmartin-sur-Mer, dans la
Manche. Jeune soldat appelé de la classe 64, il est incorporé le 4 novembre
1963 à l'Entrepôt de l'Armée de l'air n°603
(basé à Limoges) avant de rejoindre, à l'issue de ses classes, l'annexe
entrepôt de munitions 1.605 de Rocamadour.
Secrétaire du groupe des magasins, il fait preuve d'un dévouement et
d'un sérieux remarquables ce qui lui vaut d'être promu au grade de caporal
puis de caporal-chef avant de terminer son service militaire. A l'issue,
il contracte un engagement de sept ans à compter du 1er mai 1965.
En effet, son désir ardent d'embrasser une carrière de pilote de chasse
l'amène alors à suivre le circuit des écoles du personnel navigant de
l'Armée de l'air.
Six mois plus tard, la phase de pilotage de base étant terminée, il
est retenu pour la spécialisation chasse. Le Sergent Croci est alors
affecté au Groupement école 314
stationné sur la Base aérienne 705 de Tours afin d'y continuer son instruction,
tout d'abord sur T-33 SF T-Bird
puis sur Mystère IV.
Au printemps 1968, le jeune breveté de l'école de chasse effectue son
stage de transformation opérationnelle au sein de l'Escadron 1/8 Saintonge
à Cazaux avant de choisir sa première affectation dans les forces aériennes.
Ce sera la 11ème Escadre équipée de North American F100 Super Sabre.
C'est la 1ère escadrille de l'Escadron de chasse 3/11 Corse
qui l'accueille le 10 juin 1968. Le sergent-chef Croci consacre alors
les trois années qui suivent à gravir les échelons de qualification
jusqu'au brevet de sous-chef de patrouille.
Muté au Groupement école 315,
il rejoint la base de Cognac le 17 août 1970 après avoir effectué un
stage moniteur de trois mois au GE 313
à Aulnat. L'Adjudant Croci met à profit ce séjour pour réussir au stage
des élèves officiers de réserve qu'il suit à Evreux à la fin de l'hiver
1970-71. Il est admis à servir en situation d'activité à compter du
1er octobre de la même année.
A Cognac, le jeune officier démontre de telles qualités humaines, pédagogiques
et professionnelles en tant que moniteur de pilotage qu'il est récompensé
en juillet 1972 par une lettre de félicitations signée du Colonel Pontois,
commandant la Base aérienne 709.
Dès janvier 1973, de retour en unité de combat à Toul-Rosières, il reprend
son entraînement opérationnel pendant un an puis obtient brillamment
la plus haute qualification des pilotes de chasse : le brevet de chef
de patrouille.
Il prend alors le commandement de l'escadrille d'entraînement au vol
sans visibilité de la 11ème Escadre
où il crée un excellent climat de travail et de confiance, tout en montrant
un souci constant de sécurité des vols.
C'est le 25 mai 1976 que le Lieutenant Croci rejoint l'Escadron de Chasse
4/11 Jura
, unité à laquelle il liera désormais sa carrière d'officier pilote
de chasse.
Recréé en 1973 pour assurer la défense du complexe aéroportuaire de
Djibouti, cet escadron est constitué de deux escadrilles, la SPA 158
Serpentaire
et la SPA 161 Sphinx.
Les missions qui se déroulent au-dessus d'un territoire exigu, n'en
sont pas moins très diverses : assaut classique, appui des troupes au
sol, défense aérienne, escortes en Mer Rouge, voire même reconnaissance
photographique lors du conflit somalo-éthiopien.
Adjoint au commandant d'escadrille, le Lieutenant Croci continue à démontrer
ses qualités de sérieux et de disponibilité, mais il sait aussi mettre
à profit ses talents d'artiste : en effet, à l'occasion des 10 000 heures
de vol de cette unité qui n'a pas encore six ans, le profil caractéristique
des Super Sabre du " Jura " est mis en valeur par une superbe gueule
de requin de son cru.
Relevé par les Mirage III C de l'Escadron de Chasse 3/10 Vexin,
l'escadron 4/11 est dissous le 31 décembre 1978, mais il renaît de ses
cendres en métropole dès le lendemain.
Après s'être réformé à Toul, il s'installe, équipé d'avions de combat
de type Jaguar,
sur la base de Bordeaux-Mérignac
; sa nouvelle mission comporte, outre la protection de la région sud-ouest,
une intense participation aux opérations extérieures.
C'est dans ce cadre que le Capitaine Croci, tout
d'abord commandant de la SPA 158
puis, à compter de septembre 1982, chef des opérations de l'escadron,
effectue de nombreux détachements en Afrique et participe notamment
à l'opération "Tacaud¹".
En dehors de ces séjours, il dirige la vie opérationnelle du "Jura"
qui est rythmée par de nombreux temps forts : campagnes de tir ou de
combat supersonique, exercices régionaux, nationaux ou internationaux,
échanges avec les unités étrangères, etc.
Le 25 janvier 1984, alors en détachement à N'Djamena
dans le cadre de l'opération "Manta²", il s'envole
à la tête d'une patrouille mixte Jaguar / Mirage F1 pour effectuer une
mission de reconnaissance armée au-dessus d'éléments hostiles dans la
région de Torodum (Tchad). Il trouve la mort lorsque son avion, probablement
touché par un projectile, explose.
La mention "Mort pour la France" a été attribuée au Capitaine Croci
par décision du Ministre de la Défense et ses obsèques ont été célébrées
sur la Base Aérienne 106 à Bordeaux-Mérignac le vendredi 3 février 1984,
en présence de Monsieur Charles Hernu, Ministre de la Défense, et de
hautes personnalités civiles et militaires. Ce même jour, il est cité,
à titre posthume, à l'ordre de l'armée aérienne par le Ministre de la
Défense : "Officier aux qualités professionnelles, humaines et militaires
exceptionnelles, pilote de chasse de très grande valeur, chef de patrouille
particulièrement expérimenté totalisant 3860 heures de vol dont 1100
heures sur Jaguar.
Sa personnalité, sa foi très profonde en la mission, son rayonnement
et son dynamisme lui avaient permis de s'imposer très rapidement comme
chef des opérations de l'Escadron.
Chef de détachement, dans le cadre de l'opération MANTA, a fait le sacrifice
suprême dans l'accomplissement de son devoir au cours d'une mission
opérationnelle de reconnaissance au-dessus d'éléments hostiles le 25
janvier 1984, à Torodum (République du Tchad) ".
Le 23 mai 1995, la Base Aérienne reçoit le nom de tradition " Capitaine
Michel Croci " en l'honneur de cet officier pilote de chasse.
¹
L'opération Tacaud, lancée en 1978, précède l'opération Manta.
² Depuis l'indépendance en 1960,
le Tchad est en proie à la rébellion et à l'invasion par la Libye, causant
la première intervention française en août 1968. L'opération Manta est
une réponse française à une nouvelle invasion du Tchad par la Libye (qui
occupe Faya-Largeau et Abéché) aux côtés du GUNT et débute dans la nuit
du 10 au 11 août 1983. La montée en puissance des forces aériennes françaises,
stationnées à N'Djamena, s'opère dès lors et une ligne rouge est établie
au niveau du 16ème parallèle : tout dépassement de cette ligne par les
forces Libyennes et rebelles entraînera immanquablement une réaction française.
Le 24 janvier 1984, le GUNT lance un raid et franchi la ligne rouge. La
France répond le lendemain, en envoyant une patrouille mixte de deux Jaguar
et deux Mirage F1 chargée de repérer et détruire le véhicules. Un appareil
ne rentrera pas au terrain
(source
: © Armée de l'air)
GE 314 (2e EIV)
GE 315 (1e EIV)
EC 4/11 (SPA 158)
Hommage "Air Fan"
Voir actualités Armée de l'air du 16 février 2016
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