|
(©
Ecole de l'air)
Né en Algérie en 1907,
il y est instituteur à partir de 1925. Il effectue son service militaire
en 1928 au 3e régiment de tirailleurs algériens, où il est
nommé sous-lieutenant de réserve en 1929. Promu lieutenant de réserve
en 1939, Pierre-Louis Bourgoin rejoint dès juin 1940 les Forces françaises
libres et prend part au ralliement de l'Oubangui-Chari pour la France
libre en août de la même année.
Incorporé au bataillon de marche n° 2 en janvier
1941 au sein duquel il commande le groupe franc, il participe à la campagne
de Syrie en juin 1941 et y est blessé au pied droit par un éclat d'obus
en juillet. Il est condamné à mort par contumace pour faits de résistance
en 1941. Capitaine en décembre 1941, il est affecté au groupe de bombardement
Lorraine
et effectue dans cette unité la campagne de
Libye en tant que commandant de l'échelon à terre.
En mars 1942, il est blessé par balle
une seconde fois, à la face postérieure du genou. En juin 1942, il est
encore blessé lors d'un accident d'avion et souffre de fractures multiples
des côtes.
Après avoir effectué un stage commando parachutiste,
il est affecté aux services secrets britanniques (Intelligence Service
Landing Departement). Il y est chargé du renseignement
lors de missions spéciales. Il effectue également à la tête d'un commando
des coups de main en Tunisie.
Alors qu'il se rend en Algérie le 23 février
1943, au retour d'une reconnaissance des infrastructures allemandes
en Tunisie, son véhicule est attaqué par un avion allemand et son conducteur
en perd le contrôle. Bourgoin porte 37 traces de blessures et est amputé
du bras droit ; quant à son bras gauche, il porte une fracture du radius
et du cubitus et une fracture complète du poignet, ainsi que des blessures
multiples par éclats d'obus à la cuisse gauche. Il réussit à échapper
aux recherches allemandes, se cache en s'enterrant dans le sable et
est recueilli au bout de six heures par une patrouille anglaise. Il
est soigné à l'hôpital de Philippeville, puis en convalescence à l'hôpital
d'Alger et part en Angleterre dès sa guérison, le 1er octobre
1943, après 7 mois d'hospitalisation.
Désormais surnommé "le Manchot",
il est promu commandant. En novembre 1943, il prend, à la suite de Pierre
Fourcaud, le commandement du 4e
régiment du Special Air Service, le 4ème Bataillon
d'Infanterie de l'Air, une unité française de 500 hommes qui deviendra
en 1944 le 2e régiment de chasseurs parachutistes (RCP). Il entraîne
son régiment en Angleterre, puis en Écosse en vue du débarquement en
Europe. En avril 1944, il rencontre le maréchal britannique Bernard
Montgomery qui passe en revue les deux régiments SAS français : le 3e,
commandé par le capitaine Chateau-Jobert et le 4e.
À partir de la nuit du 5 au 6 juin 1944, son
régiment est envoyé en Bretagne pour participer aux opérations de la bataille de Normandie
afin d'y fixer les troupes allemandes présentes : ce sont les opérations
SAS en Bretagne.
Malgré son handicap, il est parachuté avec un parachute bleu-blanc-rouge,
cadeau des Anglais, dans la nuit du 10 au 11 juin sur la base avancée
de Dingson dans le Morbihan,
à côté de Saint Marcel, avec son état-major et une compagnie. Il y rejoint
ses hommes qui encadrent déjà les résistants.
Sa mission consiste à isoler la Bretagne du reste du pays et
prendre contact avec la Résistance afin de définir les combats à mener
avec elle. Pour contrer les 85 000 soldats allemands présents dans la
région, il rassemble 3 000 maquisards et 200 SAS
dans le maquis de Saint-Marcel. Son
action paralyse les allemands qui recherchent désespérément tout manchot
suspect. Il échappe de peu à la capture près de l'écluse de Guillac, le 11 juillet, et devient l'homme le plus recherché dans
toute la Bretagne jusqu'à la libération de la région en août. Sa tête
est mise à prix une seconde fois par Rommel, après la campagne d'Afrique.
A la tête du 2ème RCP de l’Armée de l’air, il reçoit la mission
de couvrir, sur la rive droite de la Loire, le flanc droit de l'armée
américaine dans sa marche vers l'est et, en septembre, à la tête de
ses troupes, attaque une colonne allemande de 18 000 hommes qui remontait
du sud-ouest. A Saint-Pierre-le-Moutier, il
capture alors 3 000 soldats allemands et s'empare d'un matériel
considérable.
Le 11 novembre 1944, le lieutenant-colonel
Bourgoin, coiffé pour la première fois du béret rouge, ouvre le défilé
militaire en descendant les Champs-Elysées à Paris à la tête du 2e RCP,
dont le drapeau vient de recevoir la Légion d'honneur des mains du général
Charles de Gaulle devant l'Arc de Triomphe. Le régiment défile devant
le Premier ministre britannique Winston Churchill et le général de Gaulle.
C'est là que la guerre s'arrête pour Bourgoin, l'ancien 4e SAS poursuivant
les opérations, notamment en Hollande avec l'opération Amherst.
En novembre 1944, Bourgoin est nommé inspecteur
des Parachutistes ; son régiment est remis entre les mains de son adjoint
Pierre Puech-Samson. Bourgoin est démobilisé en octobre 1945.
En 1949, il est nommé inspecteur général des
chasses pour la France et l'Outre-Mer, et est promu colonel de réserve
en 1950. Grand mutilé de guerre, il donne sa démission de député de
Paris pour des raisons de santé le 6 mai 1970.
Il décède le 11 mai 1970 à Paris. Ses obsèques ont lieu aux Invalides,
à titre exceptionnel. Il est inhumé à Plumelec
dans le Morbihan, où est mort le premier SAS du débarquement, Émile
Bouétard, tombé lors des opérations de reconquête de la
France ; c'est également près de là que furent assassinés par la Milice
française dix-huit parachutistes et résistants, dont le capitaine Pierre
Marienne et le lieutenant François Martin, deux des adjoints
de Bourgoin. C'est à Plumelec encore qu'il
se réfugia après la bataille de Saint-Marcel et qu'il réorganisa son
bataillon en vue des actions ultérieures avec l'aide de la Résistance.
Décorations françaises :
- Grand-croix de la Légion d'honneur
- Compagnon de la Libération (décret du 8 juillet 1943)
- Croix de guerre 1939-1945 (9 palmes et 2 étoiles d'argent)
- Médaille de la Résistance avec rosette
- Médaille coloniale avec agrafes
Décorations étrangères
:
- Distinguished Service Order
- Bronze Star Medal
- Croix de guerre belge
- Commandeur de l’ordre de Léopold (en novembre 1947)
- Officier de l'ordre d'Orange-Nassau
(©
Ecole de l'air)
|