Colonel
Christian Mazo
[1915 - 1991]
"Chasseurs
mes frères"
Recueil
de poésies
“Il
n’y a point de vent favorable pour celui qui ne sait où il va”
(Sénèque)
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SPA 94
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SPA 62
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SPA 3
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SPA 37
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EALA 16/72
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GC II/1
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GC III/10
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GC I/2
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GC I/4
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GC II/10
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CER 301
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(contenu de
ce recueil avec l'aimable autorisation de sa petite-fille Géraldine
Gruchet-Mazo)
(au format pdf muet)
LE CHALAND
Par des journées
d'azur, par des soleils de Mai ;
Libre comme
l'éther, sans amour désormais...
O flâner sur
les quais, près du vieux Pont au Change,
En regardant
couler les eaux d'un calme étrange !
Rêver dans
ce Paris de rivages lointains,
De grève désertique
et d'ilôts incertains;
Tandis que
les chalands, sous l'arche bien trop basse,
Suivent un
remorqueur et très lentement passent.
Sur la péniche
longue, aucun bruit ne s'entend.
C'est un songe
éternel que nul réveil n'attend.
Aussi le marinier,
plus poète qu'humain,
Dort sans
aucun souci, le gouvernail en main...
Mai 1933
BALLADE DU TEMPS JADIS
C'était le
bon vieux temps du Nieuport
Où l'on buvait
en escadrille
Le champagne,
tous en famille,
Au bar des
"Fauche-la-Mort".
Il n'y avait
pas alors
De train rentrant,
de compresseur,
Et la mécanique
était sœur
Et partageait
notre heureux sort.
Pas de radio,
de bavardages,
Ni de "cockpit"
... La gueule au vent,
Les vieux
juteux étaient des sages
Qui contournaient
le mauvais temps.
C'était le
bon vieux temps du Nieuport
Avec Michy,
avec Dantan,
Avec Baillet,
Poivre
et consort...
Mais où sont
les neiges d'antan ?
lère
Escadre de Chasse 1936
BALMER
"Plein
tube", l'Hispano chantait à deux, trois milles
Puis passant
sur le dos et vrillant vers le sol,
Il taisait
son vacarme et comme l'astre file,
Argenté, descendait
en de spirales folles.
Les "mécanos",
debout, les yeux vers le soleil
Regardaient sans parler leur machine si belle.
Le ciel était
profond et d'un bleu sans pareil.
Les cocardes
là-haut faisaient des étincelles.
Je l'ai vu
toucher terre et venir avec grâce
Rouler, très
lentement, sur le gazon tout vert.
J'ai demandé
le nom de cet oiseau de chasse,
Et l'on m'a répondu : "Ce pilote est Balmer".
ETAMPES 1936
A mon moniteur
de voltige, le Lt BALMER, tué en service aérien commandé en Afrique du
Nord, 1946.
PANNE EN
CAMPAGNE
Tu vis encore
ce soir, malgré ta maladresse !
Pleures tout
bas surtout, par les hommes riraient
De voir ton
désarroi, ta honte et ta faiblesse.
S'ils te trouvaient
pleurant... Songe à ce qu'ils diraient !
Vois : le
meilleur pilote a rompu sa nacelle
Et parfois
les oiseaux perdent leur plume au vent,
Alors pourquoi
veux-tu que rien ne se révèle ?
Ton orgueil
est blessé mais tu restes vivant.
Ceux qui depuis
longtemps servent sous les cocardes
Savent que
tous les jours on peut briser ses ailes ;
Eux ne t'en
voudront pas. Si les autres bavardent...
Laisse leurs
bruits courir, la vie est bien trop belle.
Qu'importe
l'appareil et que fait ta blessure
Si ton Chef
d'Escadrille en fêtant ton retour,
Chante, lève
son verre et blague avec humour.
La terre une
autre fois te semblera moins dure...
5 Janvier
1937
Au Lieutenant-colonel
PITAULT,
commandant la 1ère Escadre de Chasse, tué en service aérien commandé sur
Dewoitine 510,
à Grey, 1937.
PINSARD
Plus de vingt
palmes d'or sur la même poitrine
A plus de
quarante ans, volant sur Dewoitine
...
Ajourez au
portrait les bottes du soudard,
Et son menton
de fer,... vous connaîtrez Pinsard.
Mais je conseille
fort aux hommes trop timides,
Comme aux
plus entêtés, même aux plus intrépides,
De ne pas
tenir tête avec morgue à Pinsard
Car c'est
un vrai chasseur et c'est un vieux briscard.
1937
Aux grands
As de 1914-18, que nous avons eu la chance d’entrevoir.
LES COQS DE LA "SPA 62"
Ils sont rentrés
ce soir, comme à leur ordinaire,
Leurs moteurs
se sont tus, et dans le grand silence,
Les coqs ont
retrouvé leur nid sur cette terre,
Oubliant leur
fatigue et taisant leur souffrance.
Tous sont
présents au bar, où courent les histoires.
On blague,
on chante, on rit, on taquine la Veine ;
Et les hommes
de l'Air ont trop raison de croire
Qu'à chaque
jour suffit de penser à sa peine.
Car il fut
d'autres soirs où l'un ne rentra pas,
Où les coqs
dans la nuit veillèrent sans espoir.
C'est pourquoi
l'Escadrille, en songeant au trépas,
Risque l'enjeu
fatal, qui n'est qu'un "au revoir".
1937
A l'Adjudant
Pilote BECQUET,
tué en service aérien commandé en 1940 au Luc.
SONNET au MACCHABEE
0 ! diabolique
insigne, élaboré naguère
Par quelque
esprit fantasque et pilote de guerre ;
Moribond décharné,
fauche sur ton passage
Tous les fous
de ce monde et leurs pâles visages.
Baudelaire
eut aimé, farouche et solitaire,
Ton allure
mystique incomprise sur terre ;
Et les Fokker
jadis venant dans nos parages,
En te voyant
devaient refuser l'abordage.
Car on ne
combat pas avec la mort en face,
Pas plus qu'on
ne se tue en aimant trop la vie.
Il faut être
vilain pour bien donner la chasse.
Et tu peux
conserver ta gueule antipathique,
Dans ces jours
de langueur ou la lutte est finie :
Tu restes
au chasseur la plus belle relique.
"SPA
94" 1938
Au Capitaine
MALAVAL,
Commandant l'Escadrille SPA 94 en 1935-36, tué en combat aérien Mai -
Juin 1940
"SPA
94"
Quand je verrai
monter au feu les "Grands Faucheurs",
Rayonnant
de soleil et grisés par la joie
De jouer la
partie et de prouver leur cœur,
Je viendrai
me rallier à leur fanion de soie.
L'Indien ne
quitte pas son clan sans déshonneur
Et dispute
au combat jalousement sa proie.
- Toi, tu
serais parti comme un vil déserteur ?
En laissant
les chasseurs lorsque les chiens aboient...
Non !
Passez les Faucheurs, essaim de monoplaces,
Je ne serai
pas loin du sillage et des traces
Pour vous
prêter main forte au plus fort du quadrille.
Et peut-être
avec vous Fontaine,
Croq,
Autier,
Pourrais-je
avoir la chance, en revenant entier,
D'ajouter
une palme à la vieille Escadrille.
1939
Au Lieutenant
Pilote BRUN
de l'Escadrille SPA 94, ancien de la "patrouille de Dijon",
tué pour fait de résistance en 1942.
LA TENAILLE
En patrouille,
ouvrant l'œil et cherchant la bagarre,
Les chasseurs,
rois du ciel et maîtres du secteur,
Attaquèrent
soudain. Sans même crier gare,
Le Chef a
basculé ses plans avec vigueur.
Et tel le
charognard descendant vers sa proie,
La patrouille
a piqué tout droit sur l'adversaire.
Puis harcelant
l'oiseau lourd qui suivait sa voie,
Ils l'ont
tiré de près, le poussant vers la terre.
Maintenant
le champ vert est jonché de débris.
La patrouille
a lancé le chant de ses moteurs.
Les nôtres
tout en bas ont quitté leurs abris,
Et les chasseurs
vainqueurs ont repris la hauteur.
1940
A mon Chef
de patrouille l'Adjudant-chef pilote GILLES,
en souvenir d'un Dornier 17 descendu sur Forges-les-Eaux, le 20 Mai 1940.
A la recherche du « Vieux Charles I»
AU CAPITAINE
GUYNEMER
________________________LES
CHASSEURS DE 40...
D'autres auront
conduit des machines plus belles
Où le métal
léger, remplaçant l'émaillite,
La toile et
le vernis, dans le ciel étincelle.
D'autres auront
atteint la vitesse limite.
Mais aucun
depuis toi, depuis Poëlcapelle,
Avec tant
de brio n'a mis le Boche en fuite,
Aucun n'a
su couvrir d'autant d'éclat ses ailes,
Aucun à son
destin n'a donné tant de suite.
Où sont-ils
les Garros,
les Fonck,
les Nungesser
?
Et Dorme,
et de la Tour,
et Madon...
et Navarre...
?
Tant de joyeux
garçons qui luttaient dans les airs.
Dans le soleil
trop vif, en cherchant la bagarre,
On aimerait
les voir protéger nos arrières.
Mais toi..,
tu partais seul, "leader" d'une âme fière...
Ciel de Mai
1940
Au Lieutenant
CARCOPINO,
Au Sergent-Chef
CAMUS,
Au Sergent
ROBARDAY,
Pilotes du
Groupe de Chasse "Cigognes"
tués en mission de guerre au cours du Débarquement en Normandie en Juin
1944.
MAI 1940
France !
J'aurai voulu te servir sans retour,
Comme un amant
trop jeune adore sa maîtresse
Et se donne
à vingt ans, simplement par amour,
Ne cherchant
pas d'honneurs, ne courant pas richesse.
D'autres sont
parvenus, flatteurs et troubadours,
A t'approcher
sans crainte, à vanter leurs caresses...
Et tu les
as comblés, aveugle à leurs détours.
Mais combien
seront là aux heures de tristesse ?
Combien seront
présents le jour de la bagarre,
Pour salir
leur col blanc, mourir sans crier gare ?
Et dans l'adversité,
se trouver près de Toi ?
- Bien peu.
Mais ce jour-là, tu verras, non déçu,
Vieilli dans
sa ferveur, ton amant d'autrefois,
N'ayant rien
demandé et n'ayant rien reçu...
1940
A mes amis,
mes Chefs et mes Camarades d'Escadrille
- tués en
combat aérien dans le ciel de Mai 1940 : Cne COIRAL
(GC II/1), Lt GAY
(GC III/10), Sgt-Chef MOTTE
(GC III/10), Slt BATTUT
(GC III/10), TABUIS,
CARLETTI,
PERONNE, Capitaine
LANDEROUIN
(GC II/10), Adt-Chef AUTIER
(GC II/1), Sgt Chef MUNIER
(GC II/1), Sergent BENECH,
Sergent STARKE.
- Blessés
en combat aérien le 14 Mal 1940 : Capitaine GUIZARD,
S/Lieutenant Pierre MARTIN
APRES L'AN
40...
Ce n'est pas
l'or jauni qu'on avait sur les manches,
Ce n'est pas
l'or pourri qu'on "touchait" tous les mois
Cela ne serait
rien à donner en échange
Contre un
dernier voyage, une dernière fois...
Les Hommes
adoraient leurs machines si belles.
Engoncés dans
leur cuir, hardis, joyeux et forts,
Les hommes
ne vivaient heureux qu'en leur nacelle,
Où l'on trouvait
l'ivresse en cultivant l'effort.
Cinq ans !
Pendant cinq ans j'ai hissé mes cocardes
Si haut que
bien des fois j'étais surpris moi-même.
Si loin vers
les déserts pour assurer la garde...
- Et je partais
tout seul avec celles que j'aime.
O ! cocardes
françaises !
Dois-je souffrir
encore et ne plus vous revoir ?
Ah !
ne leur en déplaise...
J'attendrai
la revanche et garderai l'espoir.
Ils m'ont
pris ma maîtresse, ils m'ont volé mon cœur.
Ils ne savent
donc pas qu'un pilote sans ailes
Ne peut vivre
longtemps ! Qu'un oiseau migrateur
Privé de liberté,
ne peut vivre sans elle ?
J'ai tant
de souvenirs brûlants sur mes machines
Sur Dewoitine
et Spad,
sur Morane
et Nieuport,
Que je garde
en secret toute une vie intime,
De caresses,
d'émois, d'ivresse et de transport.
Et je ne pourrais
plus monter en altitude,
Découvrir
à la fois la Seine et la Sologne ?
Dans un monde
glacé, baigné de solitude,
Contempler
mon Pays qui rêve et qui besogne,
Je ne pourrais
non plus croiser dans la lumière
Le regard
confiant de mon Chef d'Escadrille,
Qui souriait
de voir sa patrouille si fière,
Monter "à
pleins tuyaux" dans le soleil qui brille ?
Et je ne pourrais
plus mettre le bas de soie,
Et le passe-montagne,
œuvre de tant d'amour ?
Non - non
- non ! Conservez vos gages et vos croix
Mais laissez-moi
voler... voler encore un jour.
Juin 1940
A mon ami
pilote, Sergent PINON,
descendu en combat aérien au GC III/10 ; tué en combat aérien en Russie
en 1944 (Aspirant au Groupe de Chasse Normandie-Niémen).
HEUREUX CEUX
QUI SONT MORTS
Heureux ceux
qui sont morts au combat sans histoire,
Comme la Tour
d'Auvergne, un coup de lance au cœur,
Heureux ceux
qui sont morts espérant la victoire,
Sans avoir
vu la fin ni le dernier quart d'heure.
Ils ne sont
pas à plaindre, ils n'ont pas aujourd'hui
A chercher
leur destin, à choisir le vrai bord.
Heureux ceux
qui sont morts et qui jamais n'ont fui,
Terminant
leur combat dans un suprême effort.
Heureux ceux
qui sont morts cloués sur leur affût,
Heureux ceux
qui sont morts brûlés dans leur nacelle,
Morts dans
un petit poste, un matin, à l'affût,
Ou portant
leur message et galopant en selle.
Heureux ceux
qui sont morts au plus fort du quadrille,
Face à face,
en plein ciel, dans une griserie.
Ils n'ont
pas de regret, ils partent bien tranquilles,
Puisque Dieu
donne aux purs une seconde vie.
Hiver 1941
A mes amis
Pilotes de Chasse, morts héroïquement dans la Résistance, Jean FONTAINE
du GC II/1, Bernard LEPECQ
du GC III/10.
PRINTEMPS
1942
Ami voici
l'aurore, entendez-vous là-bas,
Là-bas dans
le lointain, chez Ford et chez Chrysler,
Des points-fixes
sans fin sonner le branle-bas...
Et les Curtiss
déjà qui sillonnent les airs ?
Ah !
déposons le masque, en voilà trop d'attendre.
Les "Ricains"
sont en marche et c'est demain le choc.
Je veux être
en avant pour voir le vaisseau fendre
La brume épaisse
'Je la blancheur de son foc.
Les "Ricains"
sont en route et le printemps revient.
Derrière un
barbelé le prisonnier respire,
Le plateau
de Vimy a frissonné d'un rien,
Et la France
revit en écartant le pire.
Nous avons
trop souffert de la loi du vainqueur.
Nos soldats
en prison, dans leur foyer des larmes ;
Nos villes
endormies, nos maisons sans chaleur...
Nous avons
trop souffert du revers de nos armes.
Mais Dieu
n'a pas voulu prolonger nos malheurs.
Le grand peuple
est en marche et demain Saint-Nazaire
Reverra los
Yankees, les puissantes clameurs,
Et la Victoire
encor planera dans les airs...
A mon camarade,
Lieutenant Pilote DUSART, tué en service aérien commandé au réentrainement
à Bou-Saada, 1943.
MIRANDA
de EBRO
Tel le bœuf
sous le joug, inlassable et puissant,
Nous attendrons
le jour du repos sous les armes,
Comme nous
attendons en Espagne, impuissants,
Qu'on nous
délivre et qu'on nous arme.
L'insigne
de France subi longtemps nous reste,
La flèche
en notre main, le joug sur nos épaules,
Et nous irons
toujours accomplissant le geste
Que nous a
enseigné le Général de Gaulle.
Alors s'accomplira
le destin de l'Histoire,
Nous ne quitterons
pas les bancs de la galère
Avant d'avoir
atteint le port de la victoire,
Et là, nous
poserons la rame sans colère.
1943
A mes amis,
Pierre MILORD et Léon PARACHOU, compagnons d'évasion et de captivité -
Janvier / Juillet 1943.
MARY, QUEEN
of SCOTTS
Dans votre
beau Pays, où jadis une reine
Vécut autant
d’amours qu’elle connut de haines ;
Nous sommes
parvenus ce jour, tant bien que mal,
Guerriers
malheureux dans leur destin brutal.
Ah ! ne regardez
pas tous ces nouveaux "Bothwell",
Jolies filles
d'Ecosse, avec mépris ou fiel,
Mais laissez
leur vos yeux, profonds comme vos landes,
Pour qu'ils
puissent rêver tant leur misère est grande.
Laissez rêver
un peu aux douceurs d'autrefois :
- (Rêver que
votre Reine épousa notre Roi,
Que l'Ecosse
et la France eurent la même Reine...)
Le rêve, c'est
un peu de plaisir dans la peine.
Greenock,
Janvier 1944
A mon ami
Christian MONTET, dit "Martel",
Sergent pilote à la 1ère Escadre d'Etampes, 1938 ; Commandant le Groupe
Alsace en 1943-44, tué en service aérien commandé en 1945.
A la recherche
du « Vieux Charles II»
AU CAPITAINE
GUYNEMER
________________________LES
CIGOGNES D'ANGLETERRE
En voyant
ta Cigogne au pays des brouillards,
Et tous les
cigogneaux se mesurer en "yards",
Que pense
donc là-haut ton âme sans malice,
De leur nouvel
envol ? (Heureux qui comme Ulysse...)
Penses-tu
qu'aujourd'hui ils s'y prennent bien tard
Pour lancer
: "Tally ho !", ou pour crier : "forward" ?
Ou bien, silencieux,
moqueur sous ta pelisse,
Qu'ils perdent
bien leur temps à courtiser les Miss...
Qui sait si
dans ton vol parti de Poelcapelle,
Tu n'es pas
revenu "leader", parmi leurs ailes,
Afficher au
compas la flèche de Strasbourg ?
Peut-être
penses-tu que ce n'est pas "so bad",
Pour rentrer
au Pays d'avoir fait ce détour,
Puisqu'aujourd'hui
le "SPIT"
a remplacé le "SPAD".
1944
A mes amis
: l'Adjudant-chef pilote MAUREL, du Groupe de Chasse "Berry",
disparu en mer dans le brouillard en 1944...
l'Adjudant-chef
pilote CHEMINADE, du Groupe de Chasse "Cigogne", péri en mer
sur Spitfire entre Land's end et le Finistère, 1944...
Qui n'ont
pu voir l'aube du 6 juin et de la Victoire...
6 JUIN
1944
Ah mes amis
! surtout n'oublions pas ce jour
Ni l'aube
du 6 juin et le soleil montant
Sur l'immense
armada, et la côte normande
Où nous avons
surpris la défense allemande...
Emplis d'une
fierté et d'un vibrant amour,
Nous nous
sommes mêlés à d'autres combattants.
Avec les Canadiens
et leurs groupes de chasse,
Avec les commandos
et le "Fighter Command"
Avec Martel,
avec Schloesing,
avec Fournier,
Avec "Berry",
"Lorraine",
"Ile de France",
"Alsace",
Nous étions
là : "Cigognes" au rendez-vous d'honneur
Pour venger
les journées sombres de "Juin quarante"
Ah mes amis
! surtout n'oublions pas ce jour !
Oui, "ce
jour le plus long" méritait bien l'attente...
N'ayant plus
rien à perdre et pouvant tout gagner,
Nos "Spitfires"
brillaient et "Merlin" l'enchanteur
Ajoutait au
concert sa puissante clameur.
Ah mes amis
! surtout n'oublions pas ce jour,
Effaçant les
prisons d'Espagne, et nos malheurs...
N'oublions
pas non plus le sourire des filles
Lorsqu'elles
sont venues fêter nos escadrilles
A Courseulles,
Bayeux, Saint-Aubin d'Arquenay,
Quand le canon
tonnait encore à Carpiquet !
N'oublions
pas nos chefs : OZANNE
et Bill COMPTON
Ceux qui nous
ont "leadés"... FLEURQUIN,
MARCHELIDON
...
Ils nous avaient
choisis pour ce bel escadron !
Enfin n'oublions
pas nos disparus, nos morts : CARCOPINO, CAMUS, ROBARDEY, CHEMINADE :
VIOLET, AGNEL,
CAVET, de CHEZELLES, SASSART,
AQUILINA,
GILBERT... et tant de camarades
Engloutis
dans les mers, perdus dans les brouillards,
Tombés sur
ce chemin, sans avoir joint le port...
Christian
MAZO
« OVERLORD
» (variante du poème
précédent)
Par le colonel
Christian MAZO
Ah mes amis
! surtout, n'oublions pas ce jour,
Ni l'aube
du 6 juin, ni le soleil montant
Sur l'immense
armada et la côte normande,
Où nous avions
surpris la défense allemande...
Emplis d'une
fierté et d'un vibrant amour,
Nous nous
sommes mêlés à d'autres combattants ;
Avec les Canadiens
et leurs groupes de chasse,
Les commandos
KIEFFER, le Tactical Command,
Avec MARTELL,
avec SCHLOESING,
avec FOURNIER ;
Avec « BERRY
»,
« LORRAINE »,
« ILE de FRANCE »,
« ALSACE »,
Nous étions
là: « CIGOGNE »,
au rendez-vous d'honneur,
Pour venger
les journées sombres de « Juin quarante
Ah mes amis
! surtout : n'oublions pas ce jour !
Car ce jour
le plus long méritait bien l'attente...
N'ayant plus
rien à perdre et pouvant tout gagner,
Nos « SPITFIRES
»
brillaient et « MERLIN » l'enchanteur
Ajoutait au
concert sa puissante clameur.
Ah mes amis
! ...surtout n'oublions pas ce jour
Effaçant les
prisons, l'Espagne et nos malheurs.
N'oublions
pas nos chefs: MALAN et BILL COMPTON
« D.S.O. D.F.C.
»... « D.S.O.D.F.C.... »
Ceux qui nous
ont « leadés » : CARCO, MARCHELIDON,
Ils nous avaient
choisis pour ce bel escadron !
N'oublions
pas aussi les « WAAF » de la « NAFI »
Après chaque
retour, offrant leur cup of tea.
N'oublions
pas le soir, le « Camp Kit » sous la tente,
Oubliant la
fatigue et rêvant dans l'attente
D'atterrir
sur les grilles en fer de Normandie.
N'oublions
pas non plus le sourire des filles
Quand elles
sont venues fêter nos escadrilles
A Courseulles,
Bayeux, Saint-Aubin d'Arquenay,
(Quand le
canon tonnait encore à Carpiquet !)
Et qu'elles
nous ont dit : — « tiens ! voilà des Français »
N'oublions
pas surtout d'avoir été vainqueurs.
Une fois dans
la vie, c'est assez le bonheur,
Pour oublier
plus tard les campagnes perdues,
Jusqu'au fin
fond du monde... où baissant nos couleurs,
Nous avons
dû quitter les provinces rendues...
Avoir été
vainqueurs !... une fois, dans l'honneur !
Comme on marque
un « essai transformé par un drop »,
Avec les évadés
de partout — et d'ailleurs...
« Mes amis
! ce soir-là : nous avions fait l'Europe.
Christian
MAZO
TON PLUS
BEAU COMBAT !
Ce n'est pas
à Toula, ce n'est pas en Russie,
Carbon, que
tu livras ton plus joli combat.
N'en déplaise
à certains du Groupe Normandie,
La Campagne
de France avait bien plus d'éclat.
En quarante
où le ciel était lourd de croix noires,
En quarante,
où le Boche était plus arrogant,
Toi, tu partais
joyeux et gagnais tes victoires,
Simplement
pour l'Honneur, pour relever le gant.
Si des gens
de Salon te gardent une dent,
Cette dent-là,
Carbon,
ça vaut bien la rosette...
Jamais un
vrai soldat ne cherche avancement
Par quelque
flatterie, ou grimace, ou risette.
Va !
tu peux conserver ton âme bagarreuse,
Avec ton franc
parler, ta liberté de mise.
Celui qui
t'a connu aux heures malheureuses
Garde un culte
fidèle à ta noble franchise.
1946
A mon ami,
le Capitaine CARBON,
As de Guerre (11 victoires), tué en service aérien commandé à Pau, 1949.
INDO-CHINE 1948
Bientôt tu
reverras les lieux de ton enfance
Et ce peuple
frondeur, ingouvernable et bon.
Bientôt tu
reverras l'es hauteurs de Meudon,
La forêt de
Marly, la douce Ile de France.
Peuple dont
maintenant on nous dit tant de mal !
Pays qu'on
croit quitter pour s'en aller bien loin...
Moi, je sais
bien que non ; si loin du sol natal
Le voyageur
forcé ne vous aime pas moins.
Bientôt tu
reverras les printemps enchanteurs,
Les dimanches
heureux, les corsages des filles,
Les sous-bois
prometteurs, les soirées de chaleur,
Malmaison,
Port-Marly, Louveciennes et Chaville.
Pays de mon
enfance, aux nombreux souvenirs,
Même quand
la nature est endormie et morte,
Vous laissez
un éclat impossible à ternir.
Tristes jours
de Novembre... émotion si forte...
Bientôt tu
reverras le Paris qui soupire,
Avec sa mine
austère et même sa misère.
Mais quand
revient Avril et ses éclats de rire,
Alors il n'y
a plus de regrets trop amers.
Bientôt tu
reverras la Seine à Bougival,
Châtillon-sous-Bagneux,
les hauteurs de Clamart
Villacoublay
immense au brouillard matinal.
Et de là...
tu fuiras vers de nouveaux départs.
Au Ltt. de
PAUL, du Groupe de Chasse "Dauphiné", mort pour la France en
Indochine (1948).
PILOTES
DU DIMANCHE !
Eh bien !
puisqu'un peu d'or vient couronner vos manches,
Et vous récompenser
après de longs efforts
Pourquoi donc
vous cacher, "Pilotes du dimanche" !
Soyez fiers
du "contrat", réservistes "Castor" !
Lorsque vous
avez fait suite au rêve héroïque
De Bruno Renevier
et de Rémy Flandin,
Vous ignoriez
alors que la terre d'Afrique
Allait vous
appeler sans attendre, un matin...
- Et vous
êtes partis les uns après les autres,
Simplement,
comme on va supportant son destin,
Sans penser
un instant qu'il n'était pas le vôtre,
Ce métier
de guerrier qui ne voit plus de fin.
Alors ! goûtez
à plein la fête qui se donne
Mallet, Leruste,
Allaire... avec tous vos amis ;
Puisque la
gloire passe et la justice sonne,
"Pilotes
du dimanche"... ! il vous est bien permis...
1958
Aux pilotes
de Réserve du CER 301 |