Si la Patrouille de France m’était
contée MS 225 Mystère IV A5 Fouga Magister Alphajet Bien
qu’elle ne porte son nom que depuis 40 ans, la Patrouille de France
hérite, des nombreuses expériences du temps passé, le savoir-faire
et la virtuosité. Des exploits individuels d’Adolphe Pégoud avant
1914 à ceux
d’Alfred Fronval après la Grande Guerre, d’Étampes à Salon
de Provence pour les patrouilles, une page d’histoire est à dédier
à ceux qui ont oeuvré pour le renom de nos cocardes. Août 1913, Adolphe Pégoud essaie un parachute. Alors
qu’il vient d’abandonner son Blériot, il s’aperçoit que l’avion, livré
à lui-même, se met à évoluer curieusement. L’idée est née : faire
de la voltige, voler sur le dos. La grande aventure de l’acrobatie
aérienne débute et le 21 septembre de la même année, toujours à Buc,
Pégoud effectue retournements, boucles, tonneaux et montées en chandelle.
Qui dit voltige dit spectacle. Le 12 octobre, c’est la première et
véritable représentation de ce pionnier devant 200 000 spectateurs.
Vienne, Berlin, Hanovre, Gand et Bruxelles marquent les étapes de
la première tournée de ce démonstrateur français. Un nouveau style
s’initie après le « Cirque de Moisant » et les shows tels Il faut attendre 1931, l’initiative et
le talent d’un groupe de moniteurs de l’Ecole de perfectionnement
de Mondésir pour voir naître le premier groupe de voltige militaire
avec la Patrouille d’Etampes sur Morane Saulnier MS 230.
Le capitaine Amouroux et ses équipiers les adjudants-chefs Carlier
et Dumas forment le premier trio. Le lieutenant Fleurquin,
un an plus tard, prend la tête de cette formation prometteuse et,
avec le concours de ses pilotes, la conduit sur les chemins de la
postérité. En 1935, le MS 225
remplace le MS 230 et dès 1936 les évolutions s’accomplissent à cinq.
En 1937, à la suite de la dissolution de l’Ecole d’Etampes la formation
se replie sur Salon-de-Provence et prend le nom de Patrouille de l’Ecole
de l’air. Entre temps, la 1er escadrille du GC
1/7 de Dijon, se dotant en janvier 1934 de MS 225,
constitue à son tour un dispositif aérien de prestige : la Patrouille
Weiser de Dijon, du nom du commandant Weiser son premier « leader
». Une spécialité de cette patrouille réside dans le fait de lier
les avions l’un à l’autre lors des représentations. Elle compte jusqu’à
18 avions grâce à l’apport des Blériot SPAD 510 du GC 11/7. La Fête
des Cocardes en juillet Après guerre, l’Armée de l’air s’équipe
de Stampe 5V 4
et le capitaine Périer, sur ce type d’appareil, dirige alors la Patrouille
de Tours. En 1947, momentanément, le hasard ramène cette formation
à Etampes, ce qui lui permet de reprendre de façon éphémère le nom
de son illustre aînée. Appelée Escadrille de présentation de l’Armée
de l’air le 1er septembre 1948, elle remplit sa mission jusqu’au début
des années 50 (*). Jusqu’au moment où le jet
va s’imposer par souhait du public et sous la pression des « teams
» étrangers. Le 17
mai 1953, meeting à Alger Maison-Blanche : les F84 G « Thunderjet
»de la « 3 » figurent au programme et, en rivalité avec les Skyblazer
américains, déchaînent l’enthousiasme du grand public. Jacques Noetinger,
le commentateur, emporté par sa fougue, dans le feu de l’action, par
un écart de langage – ô combien pardonnable - l’appelle Patrouille
de France. C’est chose faite. La Patrouille de France est née et baptisée. D’initiatives
spontanées à l’origine, elle devient officielle sous ce vocable. Sa
mise en oeuvre et son animation s’intègrent dès lors à la mission
d’une escadre à compter de 1953. La 3e escadre a bien entendu l’honneur
de remplir cette noble mission la première. Ce sont ensuite la 2e
de Dijon en 1954 et de 1957 à 1961, la 12e de Cambrai en 1955,
la 4e de Bremgarten en 1956
et enfin la 7e de Nancy en 1962 et 1963. Du F 84 G à l’Ouragan, de
l’Ouragan au Mystère IV A, les fumigènes bleus, blancs, rouges, utilisés
déjà sur Vampire, ponctuent la qualité des séries de plus en plus
élaborées et prolongent le charme créé par la pureté des trajectoires
que le spectateur ne voudrait oublier. Mais, budget oblige, la Patrouille
de France sur avions d’arme doit disparaître. Fort heureusement la
Patrouille de 1’Ecole de l’Air, riche des traditions de celle d’Etampes
s’est entretenue à Salon. Rééquipée en 1957 par trois puis six
CM 170 « Fouga Magister », dirigée successivement par le capitaine
Kerguelen, le lieutenant Angot, les capitaines Chapus
et Grand’Eury, elle est apte à reprendre le flambeau. L’avion est
élégant, les moniteurs de Salon dignes de la mission. Que la Patrouille
de France vive donc en se régénérant sur celle de l’Ecole de l’air.
Six, neuf, jusqu’à onze appareils en 1971. Les Magister font merveille
durant treize ans. Ils tournent dans « un mouchoir de poche » pour
des avions à réaction et se montrent parfaitement adaptés aux spectacles
aériens qu’ils effectuent. Le 25e anniversaire de la Patrouille de
France est célébré avec faste le 9 juillet 1978 à Salon comme pour
concrétiser Place à l’Alphajet. Il effectue sa première représentation, livrée « Patrouille de France », le 17 mai 1981. Salons d’aéronautique, meetings aériens nationaux et internationaux, manifestations de prestige, la Patrouille de France est dès lors plus que jamais omniprésente. Tant et si bien que sa tournée sur le continent américain en été 1986 se transforme en événement historique. Pour le centenaire de la Statue de la Liberté, la Patrouille de France déploie son panache tricolore dans le ciel de New-York, survolant la cité durant 90 secondes avant de remonter l’Hudson. Elle poursuit sa triomphale conquête de l’Amérique sur la plage de Coney Island, du 3 au 6 juillet, devant 1,5 million de spectateurs. Après une présentation à Chicago, elle achève en domaine canadien sa « symphonie du nouveau monde ». La
Patrouille de France au présent (en 1993) Mais la Patrouille de France ne renie pas, pour autant, sa terre natale : lors de la saison 1988, elle ne franchit pas les frontières nationales. Outre sa participation au centenaire de Roland Garros, elle évolue devant 60 000 spectateurs à la Ferté-Alais, le 22 mai 1988. Offrant, entre autres figures, le Té, le croisillon, ainsi qu’un surprenant et mémorable coeur fléché. Au terme de cette saison 88, la Patrouille de France totalise alors près de 76320 heures de vol, 1300 présentations, 50 millions de spectateurs, 130 pilotes successifs. Multipliant les étapes européennes en 89 - Coningsby, Koksijde, Palerme, Dublin puis Bilbao - la Patrouille de France vit de surcroît une tournée triomphale sous les latitudes du Proche-Orient. Après Ankara et Tel-Aviv, elle évolue devant les Pyramides de Guizèh, survolant ainsi quarante-cinq siècles d’histoire. Si la saison 90 est plus modeste, avec quatre incursions en Grande-Bretagne, la Patrouille de France accomplit sa mission d’ambassadrice au Maroc, les 4 et 5 mai. Une vocation internationale qu’elle prolonge en 1991 avec ses premières exhibitions dans les pays de l’Est. A Prague, Budapest, Poznan, au cours de 53 manifestations, elle réserve aux publics tchèque, hongrois et polonais, la panoplie de son savoir-faire agrémentée de ses dernières exclusivités. A l’occasion de ses quarante ans de virtuosité et
de féerie, la Patrouille de France a bien rempli son agenda 1993,
avec plus de cinquante démonstrations. Le 16 juin au Cap d’Agde pour
les jeux méditerranéens, le 18 juillet à Hradec Kralove en Tchécoslovaquie,
le 8 août à Biarritz pour l’année Latécoère. Avec son cheval de bataille,
l’Alphajet, moderne et musclé, avec ses pilotes qui ont à coeur de
refléter l’image vraie de leurs camarades d’escadre, la Patrouille
de France incarne la modernité et la vitalité de l’Armée de l’air.
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